L’amour n’a pas d’âge

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Sexuellement corrects les sixties ? « Une génération qui prend soin d’elle, de sa santé, de sa qualité de vie et de ses plaisirs. Une génération tonique, disponible … animée par l’envie de voyager, d’apprendre, d’explorer des domaines nouveaux, bref, une génération désirante ». Ces quelques mots de Marie de Hennezel* tracent le profil d’hommes et de femmes, peut-être vous, qui « ont déjà perçu les prémices du vieillissement sexuel de leur corps et s’interrogent sur l’avenir de leur sexualité ».

Une sexualité mature. 12% de plus de 65 ans disent que faire l’amour est une source de plaisir, 36% aimeraient que ce le soit. Et les autres ai-je envie de demander ? Leur silence équivaut à réponse ! Satisfaits d’un côté, insatisfaits de l’autre, cette statistique ignore donc ceux qui n’osent en parler, se l’avouer ou même seulement y réfléchir. Frein social, familial, religieux ou corporel, la notion de plaisir charnel a autant d’interprétations que de personnes encore étonnées de penser à l’acte d’amour à plus de 60 ans alors que leur éducation ne les y avait pas préparés. Si certains, d’après Marie de Hennezel, disent qu’avec l’âge « La sexualité est plus belle, dure plus longtemps, est plus érotique », la majorité n’a pas perdu l’envie de désirer, que ce soit ceux « portés sur la chose », ceux qui sont en quête de rencontres sur Internet ou même ceux qui ont fermé la porte à leurs pulsions naturelles. Avec, il faut le souligner, une manière renouvelée d’approcher son partenaire, le plaisir simple d’être deux, le contact de la peau, la tendresse qui remplace l’amour charnel, les mots, les gestes, les émotions, tout ce qui peut unir deux êtres à un âge avancé de leur vie.

Le désir des seniors. Nul ne peut ignorer le vieillissement de nos sens qui se traduit par une baisse de la libido, des troubles d’érection chez l’homme ou des modifications hormonales chez la femme, toutes choses qui transforment l’image du corps et ses sensations. Mais comme l’affirme Marie de Hennezel « Si le sexe n’est pas que pour les jeunes, il ne doit pas rester fixé sur une sexualité de performance. Cette mutation se traduit par une sensualité plus forte, un érotisme plus marqué, une intimité plus caressante, plus lente et peut-être plus ludique » jusqu’à compléter ces propos par ces mots « On entend des femmes dire que la qualité de leur jouissance est bien meilleure après 60 ans ». L’imaginaire érotique a souvent pris la place de l’orgasme et l’acte sexuel lui-même n’est plus aussi important que cela face à l’amour qu’on éprouve, aux caresses reçues, aux baisers langoureux et à une jouissance de toutes les parties de son corps.

Mon corps a 60 ans … et plus ! Ah ! le corps ! Celui qu’on ne veut pas voir dans le miroir et qu’on n’imagine pas exposé aux regards des autres : ridé, avec de la cellulite pour elle, un gros ventre pour lui, des fesses tombantes pour eux deux et que dire des seins qui n’ont plus le galbe d’autrefois et des sexes qui ne durcissent plus sur commande ! Mais peut-être faut-il aussi oser s’avouer que l’épanouissement sexuel n’a jamais fait partie de la vie sexuelle… d’avant. Ou du fait de leur solitude récente, choisie ou imposée, des femmes victimes de « l’orgasme à tout prix » des magazines ou « de la réussite à tout prix » qui les a fait passer à côté d’une sexualité accomplie, souhaitent tout de même devenir des sexigénaires.

Une femme est belle quand elle se sent désirée. Tout est possible en amour, ajouté à la force que donne l’expérience acquise au cours des années mais, en même temps, pour vivre aussi « une seconde adolescence », plus tendre, plus en osmose avec son partenaire. L’âge vous rend moins exigeant et plus attentif, moins impatient et plus positif, alors pourquoi ne pas décider tout simplement d’être heureux en faisant fi des inconvénients dus au temps qui passe. Et de faire confiance à l’aimé ! Marie de Hennezel cite le philosophe Alain : « Soyez heureux, voilà le vrai bonheur » et complète sa pensée avec celle d’Eric-Emmanuel Schmitt : « L’amour n’a rien à voir avec le désir. L’amour et le désir sont deux pays différents. On sait bien que dans un couple, on peut continuer à s’aimer sans pour autant continuer à se désirer ». Cela mérite réflexion !

À vous de vous interroger. Suis-je heureux ou heureuse en couple ? Savons-nous nous ennuyer ensemble ? Ai-je encore une vie intérieure personnelle ? Suis-je rassasiée du sexe ? (70% des Français de plus de 65 ans ont renoncé à consacrer de l’énergie à leur vie amoureuse et sexuelle). Suis-je attirée par la masturbation en solitaire, le slow sex, le tantra, le tao ou le Kâmasûtra ? L’impuissance ou la frigidité sont-elles des freins à l’expression de ma sensualité ? Amour ou polyamour, sexualité ou sensualité, après la lecture de Sex & Sixty, j’espère que vous aurez trouvé des réponses à vos questions !

Vicky Sommet

*Sex & Sixty, un avenir pour l’intimité amoureuse -Éditions Robert Laffont/Versilio (mars 2015)

Marie de Hennezel, 68 ans, est une psychologue, psychothérapeute et auteure française, connue pour son engagement à l’amélioration des conditions de la fin de vie et pour ses ouvrages sur les soins palliatifs (La mort intime en 1995). Depuis une dizaine d’années, elle contribue au changement de l’image dans notre société du vieillir et du grand âge.

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