Andhrée Viviane, chanteuse française de tango

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En mai 1904, les journaux de Rio de Janeiro annonçaient la venue d’Andhrée Viviane, chanteuse à diction. Au même moment, elle donnait à Paris un dîner resté célèbre où son appartement, transformé en serre, regorgeait de fleurs et sur la nappe en point d’Argentan couraient des guirlandes de roses et d’orchidées qui dissimulaient dans leurs corolles de minuscules lampes électriques.

21 jours de traversée pour l’Argentine

« La délicieuse Andhrée Viviane aux grands yeux caresseurs va nous quitter pour de longs mois et manquer à ses admirateurs » écrivaient les chroniqueurs de l’époque. Des propositions lui sont faites par un riche étranger, qui voulait accomplir un voyage autour du monde et emmener avec lui Andhrée, l’Esprit et la Beauté ! Le journal argentin « El Pais » annonce en Octobre 1904 que la jolie chanteuse fait à Buenos Aires les délices des habitués du music-hall « Le Teatro Royal ». Sans renier son répertoire de chansons françaises, elle cultivait avec beaucoup de sentiments la musique de la pampa. Puis, on annonça son prochain mariage avec un richissime ingénieur russe qui avait collaboré aux travaux du Transsibérien.

L’agenda chargé d’une Divette

Le Casino de Buenos Aires était dirigé par l’impresario Charles Seguin, son protecteur, voire plus ! Aussi, même absente de Paris, la presse dit la voir partout, à Longchamp, au Palais des Glaces, au Casino de Paris, à Maisons-Laffitte où, comme courtisane, elle fit ses débuts dans le monde. Viviane ne fait rien savoir de son périple argentin à ses admirateurs parisiens. La carrière artistique de cette « chanteuse excentrique » n’avait duré que quelques saisons, sa voix ne portant pas plus loin que le 6e rang et son répertoire de « corps de garde » plutôt limité. Mais sa côte de courtisane est au zénith quand, en 1901, elle est citée sur un pied d’égalité avec les grandes de l’époque, Liane de Pougy, Emilienne d’Alençon, Enriquitta Guerrero. On lui prête des yeux magnétiques, on la dit très spirituelle et même femme de tête !

En Amérique du sud, une authentique artiste

Elle apprend l’espagnol et selon les historiens argentins, elle fut la première femme à enregistrer pour les labels Zonofono, puis Odeon, des tangos et des chansons « criollas ». Les critiques lui reconnaissent une jolie voix de soprano lyrique et même un merveilleux accent « portègne » (curieusement proche de l’accent parisien). Elle est encore à Buenos Aires en février 1909 au Pabellon de la Rosas, alors qu’en France les chroniqueurs l’oublient, si ce n’est pour de brèves apparitions dans des dîners parisiens ou sa participation au concours de fourrure organisé en 1907 par Comoedia où elle remportera le premier prix.

Elle décèdera à Pau où elle aurait été soignée pour une bronchite. Tous ses biens, meubles précieux, bijoux et fourrures dont un manteau de zibeline qui aurait coûté plus de 60 000 francs, un sautoir composé de 249 perles fines, sont mis en vente à Drouot. Ainsi disparut à l’âge de 46 ans Louisa Emilie Gabrielle Gaborit, née aux Sables d’Olonne en 1863.

Odile Fillion
Une lectrice Mid&Plus

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