Camille ou Rodin ?

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Lui, on le nomme par son nom seulement : Rodin. Elle, on aime à citer son prénom : Camille. Deux expositions simultanément : l’une célébrant le centenaire du sculpteur au Grand Palais, l’autre inaugurant à Nogent-sur-Seine le premier musée consacré à Camille Claudel, soixante-quatorze ans après sa mort.

RODIN, l’exposition du centenaire
par Christine Fleurot
L’exposition du centenaire de la mort de Rodin au Grand Palais n’est pas une rétrospective de son travail. Le propos est de démontrer comment le sculpteur a nourri les autres artistes.

Les commissaires ont laissé, pour une fois, entrer dans la première salle cette lumière naturelle qu’aimait tant l’artiste pour travailler. Ouvrir des fenêtres, cet autodidacte en a ouvert beaucoup,  même au delà des frontières et son influence, de 1890 à nos jours, est toujours prégnante. Pour certains artistes le lien avec le « patriarche » est une évidence, pour d’autres la filiation plus distendue :  Matisse, Picasso, Baselitz, Giacometti, Fautrier, Richter, Gormley, Beuys, Annette Messager, Germaine Richier… Ses effets de mise en scène, sa  sensualité, son travail sur la mémoire, sa nervosité, sa liberté ont inspiré plusieurs générations de créateurs. On découvre ses dessins noirs et découpages, sa démarche unique et originale d’assemblages d’abattis (morceaux fragmentés du corps humain), ses plâtres, ses dessins à l’aquarelle aux couleurs de terre cuite et ses photos retouchées. Deux œuvres seulement de Camille Claudel sont présentes (lire article ci-dessous). Rodin ayant préféré -on le sait – rester auprès de Rose, celle à qui il disait le matin : « Je suis content que tu soignes mes plâtres et mes terres ».
Rodin, l’exposition du centenaire au Grand Palais jusqu’au 31 juillet 2017.

« Je lui ai montré où trouver de l’or, mais l’or qu’elle trouve est bien à elle. » Rodin parlant de Camille Claudel

♦ MUSÉE CAMILLE CLAUDEL
par Agnès Brunel
8h00, Gare de l’Est, par une humide et froide matinée, direction Nogent-sur-Seine. Mais qu’allais-je faire dans cette galère ? Et d’abord, c’est où Nogent-sur-Seine ? Vous êtes sûr que ce n’est pas sur Marne ? Dès l’arrivée, les doutes et le brouillard se dissipent. Nogent-sur-Seine, charmante bourgade au bord de l’eau gagne à être connue et offre désormais à la sculpture du XIXe siècle et à Camille Claudel en particulier, un écrin à la mesure de son génie.

La ville a, tout au long du XIXe, accueilli des générations de sculpteurs (Ramus, Dubois, Boucher…). Camille Claudel y débarque avec sa famille à l’âge de 12 ans et y réalise ses premiers essais de modelage qui impressionnent Alfred Boucher, sculpteur confirmé. Tout naturellement, la ville a souhaité lui consacrer un musée. Imbrication d’une architecture contemporaine à l’ancienne maison Claudel, l’écrin créé par l’architecte Adelfo Scaranello  est beau, lumineux et laisse toute leur place aux œuvres. Et elles sont nombreuses : 200 sculptures dont 43 de Camille Claudel, la plus importante collection d’œuvres de l’artiste réunie notamment grâce à l’acquisition, par la municipalité, de la collection de la petite-nièce de Camille Claudel, Reine-Marie Paris. On y retrouve toute sa vie d’artiste courte et tourmentée à travers son travail : l’amour de son frère chéri, Paul ; l’amour du maître et de l’amant, Auguste Rodin ; sa force expressive avec « La Valse », « L’âge mûr » ; témoin de son temps dans « Les Causeuses » et ma madeleine de Proust, « La petite châtelaine ». Alors, n’hésitez plus, voguez sans hésitation vers Nogent-sur-Seine découvrir la sculpture du XIXe siècle et sa plus bouleversante représentante !
Musée Camille Claudel

Venir en train – Gare SNCF de Nogent-sur-Seine à 1 heure de Paris, Gare de l’Est. Le Musée  se situe à 5 minutes à pied de la gare ferroviaire.
Venir en voiture – Situé à 1h20 de Paris, le Musée bénéficie de grands axes routiers rejoignant la capitale par l’A5 – sortie n°18, Troyes par la D619 (1h), Reims par la D951 (1h45), Sens par la D939 (45 min), ou Provins par la D619 (20 min).
À lire : Une femme – Anne Delbée – Livre de poche.
À voir : Camille Claudel de Bruno Nuytten avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu, 1988.

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