Expositions : au cœur de l’humain

0

Trois regards sur le monde, trois lieux artistiques à découvrir sans faire la queue dans les frimas de l’automne. Trois expositions qui plongent, chacune à leur manière, dans l’infiniment humain.

  • ART CONTEMPORAIN : Prune Nourry – Imbalance– Galerie Magda Danisz (jusqu’au 27 novembre 2016)
    La jeune artiste plasticienne protéiforme (31 ans), connue -entre autre- pour son projet  « Terra Cotta Daughters »  (souvenez-vous de son armée de 108 jeunes chinoises alignées dans la cour du 104 en 2014 et désormais enfouies dans un lieu tenu secret !). Passionnée par la bioéthique, la manipulation génétique… Prune Nourry poursuit ici ses réflexions à travers son projet Imbalance. Empruntant les outils utilisés en acupuncture ou en médecine traditionnelle chinoise, telles des aiguilles de cuivre ou des ventouses de verre, elle les intègre à des sculptures de cire ou de bronze, à des des planches anatomiques  « comme pour tenter de retrouver l’équilibre des énergies ». Esthétiquement le mariage entre matériaux bruts et fragilité des éléments utilisés est une totale réussite (Marion Cotillard like). À voir dans le nouvel et bel espace redessiné sur trois étages de la galériste Magda Danisz.
    Galerie Magda Danisz -78 rue Amelot-75011
    Photos © Prune Nourry-Imbalance– Courtesy Galerie Magda Danysz
  • ART MODERNE : Les Insoumis de l’art moderne au Musée Mendjisky (jusqu’au 31 décembre 2016)
    Dans l’immédiat après-guerre quelques jeunes peintres quittent leur province pour se joindre à l’effervescence artistique parisienne. Se rebellant contre une certaine modernité incarnée principalement par Picasso et par Matisse, ce petit groupe se positionne dans la continuité de Courbet, à leurs yeux dernier grand peintre humaniste. Les pères de ce mouvement seront Bernard Buffet, Bernard Lorjou et André Minaux, rejoints par des peintres de la Ruche (Michel de Gallard, Paul Rebeyrolle et Michel Thomson) puis dans leur sillage Gaëtan de Rosnay, Pollet, Guerrier. Les femmes sont aussi présentes avec Simone Dat, Françoise Adnet, Yvonne Mottet ou encore Françoise Sors. Leur peinture se caractérise par la force du trait souvent anguleux, par une palette aux couleurs terre, ocre, sombre souvent. Représentations du quotidien, références aux anciens (Rembrandt, Goya…), cette « Nouvelle vague »  souhaitait remettre l’Homme au centre de leur peinture. Un pan de notre histoire de l’art balayé par l’abstraction est remis ici en lumière grâce au couple de collectionneurs Florence Condamine et Pierre Basset. Une « peinture d’entrailles ». À découvrir au fond d’une charmante impasse, dans l’ancien atelier du Maître verrier Louis Barillet signé Robert Mallet-Stevens, désormais Musée Mendjisky.
    Musée Mendjisky -15 square Vergennes ( Accès 279 rue de Vaugirard) -75015-
    Cara-Costea, Portrait de Claude, 1951, huile sur toile, 116×81 cm. ©Pierre Basset
    Guerrier, L’Atelier, 1956, huile sur toile, 180×25 cm. © Pierre Basset
    Bernard Lorjou, Les Tournesols, 1954, huile sur toile, 92×73 cm. ©Pierre Basset
  • PHOTO  : Louis Faurer à la Fondation Cartier-Bresson (jusqu’au 18 décembre 2016)
    Formé au dessin dès le plus jeune âge, Louis Faurer (1916-2001), enfant de Philadelphie, démarre sa vie professionnelle dans la publicité. Sa rencontre en 1947 à New York avec Robert Frank, qui deviendra son ami intime, lui confirme son intérêt pour la photographie. Tous deux partagent la même opposition au système américain d’après-guerre. Après Market Street, grande artère de sa ville natale, il est fasciné par la vie trépidante de New York, il en fera son grand sujet, en particulier le quartier de Times Square, où il sélectionne des êtres anonymes captant avec pudeur, sans voyeurisme, leur solitude, leurs angoisses, leur mélancolie. Ses expérimentations de flou, de superpositions de négatifs, ses cadrages, ses reflets de vitrines accentuent l’effet d’isolement du sujet au milieu d’une indifférence générale. Découvrant ses magnifiques tirages noir et blanc, dont ici une centaine est exposée, Nan Goldin dira « On peut croire à nouveau que la photographie peut-être honnête ». À découvrir dans l’élégant et lumineux atelier d’artiste de Montparnasse, construit en 1912 par Molinié et rénové par Ceria et Coupel en 2003.
    Fondation Henri Cartier Bresson – 2 Impasse Lebouis-75014
    Photos : 1-Sourds-muets, New York 1950 © Louis Faurer Estate- 2- New York 1949 © Louis Faurer Estate, Courtesy Howard Greenberg Gallery-3-Chômeur observant le Rockefeller Center, New York1947© Louis Faurer Estate

Christine Fleurot

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.