La rentrée littéraire de Mid&Plus

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Comment choisir parmi les 567 ouvrages de la rentrée celui qui vous fera rêver cet automne ? 381 romans pour la littérature française, 186 romans en littérature étrangère et 94 premiers romans. L’équipe de Mid&Plus vous livre sa sélection.

Carnaval noir de Metin Arditi (éditions Grasset)
par Vicky Sommet

À Venise, Genève ou Rome, les évènements sanglants donnent raison à l’histoire. Une jeune fille est noyée dans la lagune et une série d’assassinats suivra comme si les obscurantismes qui avaient semé la terreur cinq siècles plus tôt étaient toujours actifs. Metin Arditi traverse le temps avec sa fougue et son érudition et nous confirme que la folie des hommes est toujours sans limite.

« Vous avez été choisi pour votre détermination, … votre capacité à faire corps. La preuve que vous avez le sens de l’abnégation, de la discipline. L’esprit de groupe ! Et quand il le faut, l’esprit de sacrifice ! »

Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal (éditions Verticales)
par Agnès Brunel

Paula Karst, jeune adulte velléitaire se cherche : « Deux ans qu’elle traînasse, elle le sait ». Ce sera une école de peinture en décor de Bruxelles, rue du Métal : « Je vais apprendre les techniques du trompe-l’œil, l’art de l’illusion ». Maylis de Kerangal nous immerge, nous infiltre dans un univers dur, physique où l’on peint jusqu’au bout de ses forces, jusqu’au bout de la nuit. Grâce à son talent, on découvre ce métier d’artiste et de faussaire qui imite le réel et Paula Karst se trouve. Elle nous entraîne jusqu’aux grottes de Lascaux où l’imitation nous révèle l’origine de l’homme. Envoûtant.

«  Autour d’elle… les parois échantillonnent de grands parements de marbre et des panneaux de bois, des colonnes cannelées, des chapiteaux à feuilles d’acanthe, une fenêtre  ouverte sur la ramure d’un cerisier en fleur, une mésange, un ciel délicat. »

Forêt obscure de Nicole Krauss (éditions de l’Olivier – traduit de l’américain par Paule Guivarch)
par Marie-Hélène Cossé

Deux personnages que tout oppose en apparence fuient leur existence respective, conduits par la même quête existentielle et spirituelle. Jules Epstein, juif américain millionnaire, et Nicole, romancière de Brooklyn en pleine crise conjugale et littéraire, reviennent en Israël, terre de leurs ancêtres. Récit à deux voix plongeant dans l’histoire du judaïsme, le voyage imaginaire de Kafka en Palestine, la tourbillonnante Tel Aviv, le désert du Néguev… Il faut attendre la fin de cette éblouissante oeuvre mystique et fantasque pour savoir qui sont vraiment Jules et Nicole, venus se débarrasser de leurs fardeaux. Éblouissant !

Jules : « Il commençait à étouffer sous le poids de toutes les choses qu’il l’entouraient. Il éprouvait un désir irrésistible de légèreté. C’était, il s’en apercevait seulement maintenant, une valeur qui lui avait été étrangère toute sa vie. »
Nicole : « Tout conflit était interdit entre nous, plus encore la colère. Tout devait rester inexprimé sous une surface unie. Je m’étais ainsi trouvée rejetée dans une solitude infinie qui, bien que douloureuse, du moins ne m’était pas inconnue. »

Tu t’appelais Maria Schneider de Vanessa Schneider, écrivaine et grand reporter au Monde (éditions Grasset)
par Anne-Marie Chust

Qui se souvient de Maria Schneider ? Une jeune femme à la beauté à couper le souffle dont le succès cinématographique, Le dernier tango à Paris (1972), a été à la fois son apogée et déjà sa chute à l’âge de 18 ans. Maria ne s’en remettra jamais. Sa cousine nous dépeint une famille dysfonctionnelle dans le milieu « bourgeois bohême » (qui ne s’appelait pas encore comme cela) des artistes et des cercles élitistes des années 70. Des fous de Mao, de crochet, de vannerie, de patchouli, de tissus « folkloriques », de sequins et de drogue aussi et suicide. Des personnes à la recherche de liberté, rêvant de sortir de la bien-pensance et des traditions pour sauver le monde… C’est Maria que l’on ne sauvera pas malgré des rencontres parfois bienveillantes. C’est à la fois une biographie et une autobiographie. Par touches successives Vanessa Schneider nous livre sa vision de ces années brulantes (et sans doute malgré tout nécessaires).

« Ce livre est pour toi, Maria. Je ne sais pas si c’est le récit que tu aurais souhaité mais c’est celui que j’ai voulu écrire. »

Et pour une fois qu’Anne-Claire lit un roman plutôt qu’un essai, nous lui pardonnerons bien volontiers qu’il soit sorti en janvier 2018…

Seuls les enfants savent aimer de Cali (Éditions Le Cherche-Midi)
Prix Méditerranée Roussillon, prix 2018 des Écrivains
par Anne-Claire Gagnon

Les mots manquent pour exprimer le voyage auquel Cali nous convie, l’année de ses six ans, quand meurt sa maman. À la fois bouleversant, troublant, déchirant, drôle, terriblement attachant, il nous raconte avec les mots et les émotions de ses six ans ce qu’il a vu, ce qu’on lui a tu, caché, ce qu’il a vécu et rêvé. En refermant son livre, on a envie de serrer dans ses bras ce petit garçon de six ans, qui chante aujourd’hui si bien l’amour, la mort, la vie avec cette cicatrice toujours intacte.

« Mais la page est pleine de ton visage, même si tu es morte, dans une boîte, même si c’est fini.

Dans trente, quarante, cent ans, vieux, ridé, tu seras là pour moi, toute proche. Je te câlinerai, tu me parleras, tu continueras de me parler, avec ce sourire qui donne une lumière pleine à ton visage.

Pour encore, toujours, et à jamais. La mort n’existe pas. »

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