Le temps et la mémoire

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Black Lamb. Un palimpseste, écrit par l’universitaire Camille Naish, et joliment illustré à l’aide de son père, est un récit iconoclaste dans lequel l’auteure revient sur son histoire familiale, son parcours universitaire, les années consacrées à ses parents malades, tout en s’interrogeant sur le temps et la mémoire, dans une écriture à la fois ciselée et poétique.

Promenade dans le temps, questionnement sur notre perception du monde

Fascinée depuis son enfance par l’amour inconditionnel de ses parents, Camille Naish en fait le fil conducteur d’un récit qui est celui d’une quête des origines : celles de sa famille, remontant le temps jusqu’à la fin du XIXè siècle ; celles de la rencontre de ses parents, retournant sur les lieux où ils ont vécu ; mais aussi celles de l’univers, mêlant réflexions métaphysiques et scientifiques. L’auteure décrit ainsi son livre comme une longue promenade, où les fils se croisent et se décroisent, au cours de laquelle le lecteur peut suivre les pistes narratives et réflexives auxquelles il est le plus sensible.

Un Forrest Gump au féminin

Le livre de Camille Naish, presque malgré lui, se situe au cœur de l’Histoire, un peu comme un Forrest Gump au féminin, le handicap en moins. Son père et sa mère se sont connus pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’ils étaient dans la marine. Son père sauva la fille de Churchill de la noyade et inventa l’affichage tête haute, qui révolutionna l’aéronautique. Camille Naish manifesta contre la bombe atomique en Angleterre, contre la guerre du Vietnam aux États-Unis. Promise à une belle carrière universitaire, elle rencontra Peter Sellars, Ionesco et Nathalie Sarraute à Harvard, fréquenta les féministes Germaine Greer, Germaine Brée et Celia Bertin, et fut l’amie de la violoniste Nell Gotkovsky.

Entre ironie, délicatesse et classicisme

Alors que l’adaptation cinématographique du roman d’André Aciman Appelle-moi par ton nom (Call me by your name) connaît un beau succès, l’écrivain a été l’un des premiers lecteurs de Black Lamb. Un palimpseste. « À la fois pince-sans- rire et effrayant, le tout imprégné d’un sens de l’ironie délicat et affûté, il y a un ton dans l’écriture de Camille Naish qui impose une trêve entre une élégance toute anglaise et une frayeur absolue. Son style est parfois classique jusqu’à la moelle, rappelant Jane Austen ou Proust ; mais il est à la portée de tout le monde. J’aime ça. » Qu’ajouter de plus ?

Claire Mugnier-Pollet

Black lamb. Un palimpseste de Camille Naish, sorti le 14 mars 2018 (Le Laboratoire de l’Existentiel)

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