Les Picasso bleu et rose de la rédaction

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« Qu’est-ce qu’elle fera la peinture quand je ne serai plus là ? Il faudra bien qu’elle me passe sur le corps… » Chaque membre de l’équipe vous présente son chouchou de la merveilleuse exposition que celle de Picasso Bleu et Rose qui réunit au Musée d’Orsay des chefs-d’œuvre, pour certains présentés pour la première fois en France, et propose une lecture renouvelée des années 1900-1906, période essentielle de la carrière de l’artiste qui n’avait, à ce jour, jamais été traitée dans son ensemble par un musée français.

♥LA MORT DE CASAGEMAS (1901)
par Anne-Marie Chust
« C’est en pensant à Casagemas que je me suis mis à peindre en bleu. » Derrière ce tableau se cache une histoire intense d’amour et d’amitié. Casagemas, artiste également, et Picasso deviennent amis à Barcelone. Casagemas finance leur voyage à Paris où ils s’installent à Montmartre. Casagemas, fou d’amour pour une femme le rendant follement jaloux tente de la tuer avant de retourner le pistolet contre lui et se tirer une balle dans la tête. Il mourra quelques heures plus tard. Picasso, bouleversé par la mort de son ami, peindra ce tableau clé, empreint de douleur et gagné par le bleu, couleur froide et symbole de la mort pour l’artiste.

♥LA CHAMBRE BLEUE (1901)
par Brigitte Leca
Picasso explore les bas-fonds en mêlant « Le délicieux et l’horrible ; l’abject et le délicat » (Apollinaire) tout en peignant ses bleus à l’âme. Dans « La chambre bleue », une femme nue fait sa toilette dans un décor où bouquet de fleurs et tapis de couleur me laissent penser qu’elle caresse l’espoir d’une vie meilleure.

♥FEMME ASSISE AU FICHU (1902)
par Vicky Sommet
Ce tableau intitulé aussi « La mélancolie » exprime les états d’âme du peintre qui fréquente le monde secret des maisons closes et l’envers du décor, l’hôpital St Lazare où sont soignées les prostituées syphilitiques. Dans un camaïeu de bleus, à la lueur de la lune, je ressens le froid, la tristesse et la solitude de cette femme plongée dans ses pensées. Picasso redonne une dignité à celle qui, l’espace d’un instant, oublie son corps pour être seulement elle-même.

♥PIERREUSES AU BAR (1902)
par Christine Fleurot
À moins d’avoir visité le Hiroshima Museum (Japon), votre regard n’a jamais croisé cette œuvre ! Deux femmes, harassées, abattues  par une journée de tapin sur les chantiers (origine du mot pierreuse) nous tournent le dos réservant leurs pensées intimes à l’amertume d’une addictive absinthe, appelée Fée verte mais aussi  Bleue... Silhouettes sculpturales, omoplates saillantes, colonnes vertébrales creusées, affaissement du corps accentuent dans un jeu d’ombres et de lumière la sensation de solitude et d’accablement. Tout le poids d’un triste destin…

♥LE COUPLE (1904)
par Marie-Hélène Cossé
©Le couple (1904) de Picasso - Mid&PlusLa toile est seule sur un mur. L’homme et la femme ne semblent faire qu’un. Je suis intriguée et m’approche. Leurs bras sont si étroitement entremêlés, ainsi que leurs têtes doucement penchées l’une vers l’autre, comme imbriquées. La main de la femme délicatement posée sur l’épaule de l’homme, abandonnée et confiante, prend toute la lumière. Malgré le bleu de la tristesse qui les nimbe et le regard baissé de l’homme semblant méditer sur sa main tenant une pipe, quelle douceur, quelle confiance et quel abandon dans ce couple !

L’équipe de Mid&Plus

Picasso. Bleu et rose, Musée d’Orsay, jusqu’au 6 janvier 2019.

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