Nicolas de Staël : fulgurances provençales

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Qu’il est difficile d’écrire sur un émerveillement, une éclaboussure de lumière et de couleurs. Nicolas de Staël en Provence, c’est tout cela à la fois. Une exposition à voir, à ressentir, avec ses yeux, ses tripes, son âme. Dès la première salle, l’émotion s’installe et va crescendo jusqu’à l’ultime tableau.

Pour la première fois, seule l’œuvre du peintre pendant son séjour provençal est exposée. De juillet 1953 à octobre 1954. Période charnière, tournant dans son œuvre et dans sa vie, Nicolas de Staël puise en Provence une nouvelle source d’inspiration. La lumière du midi, la beauté des paysages, une histoire d’amour impossible, la solitude et la gloire outre atlantique, galerie Paul Rosenberg, l’entraînent dans une boulimie artistique, 254 tableaux et environ 300 dessins en quinze mois. Sur les conseils de son ami, le poète René Char, Nicolas de Staël fait d’abord halte à Lagnes pour « se poser, peindre, vivre après des années de voyage ». Mais, lui le fils d’aristocrates russes émigrés en France au moment de la révolution et, orphelin à huit ans, ne peut cesser ses allées et venues, conscient sans doute qu’il n’est que de passage.

©Nicolas de Staël - Mid&Plus

Après un mois à Lagnes, direction la Sicile, entre famille et amis. Il n’y fait rien que nager et des croquis, la peinture c’est pour après, pour Ménerbes où il acquiert le Castelet et s’installe dans une « solitude atroce, nécessaire et intenable ». Les tableaux de Sicile, couleurs vives et pures de la grande série des Agrigente, naissent au cœur de l’hiver provençal d’après de simples croquis au feutre sur le vif. Les ciels du Vaucluse, les rochers du Luberon, la lumière de Marseille et des Martigues sont autant de sources d’inspiration. Les valeurs s’inversent : les arbres deviennent bleus ou rouges, les ciels verts, rouges ou noirs, la mer orange. Le mistral allège sa pâte, la matière onctueuse de ses premières toiles cède peu à peu la place à une peinture plus fluide laissant toute sa fraicheur au geste de la main.

« Les bateaux, jamais je n’ai peint comme cela (…) La couleur claque, dure, juste, formidablement vibrante, simple, primaire (…), j’ai fait en une nuit de détresse une après-midi et au retour de Marseille les plus beaux tableaux de ma vie. »©Nicolas de Staël - Mid&Plus

Son exposition à New York remporte un vif succès et De Staël continue à travailler, peindre la mer, les ports, les nus. Il écrit à Paul Rosenberg : « Je vous donne là, avec ce que vous avez, de quoi faire la plus belle exposition que je n’ai jamais faite ». En 1955, il assiste à deux concerts à Paris consacrés à Schoenberg et Webern qui inspireront sa dernière grande toile, « le Concert » avant de se donner la mort à Antibes, son dernier port d’attache. Il a à peine plus de 40 ans et il a tout dit.

Agnès Brunel-Averseng

Jusqu’au 23 septembre, Hôtel de Caumont Centre d’Art

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