Quinquacannes

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Les femmes -et tout particulièrement les Mid&Plus- étaient à l’honneur lors de cette dernière édition du Festival de Cannes. Derniers cancans sur cette présence féminine grâce à notre envoyée spéciale.

LE CANNES DE JANE
La Présidente d’abord, Jane Campion, néo-zélandaise, première femme réalisatrice à avoir décroché la Palme d’Or en 1993 pour son film La leçon de piano. Après avoir étudié l’anthropologie et la peinture, elle devient réalisatrice. Elle gère mise en scène, production et scenarii, que de talents ! Cinéaste des troubles familiaux et des états d’âme féminins exacerbés, elle s’intéresse aux personnages atypiques. Ce sont aussi parfois des individus à forte vitalité sexuelle : « Mes films sont peut-être des réactions à l’obsession de la société pour la normalité qui suspecte la moindre différence, le moindre écart ». Elle ne répond pas au féminisme, elle assure que tout film peut être mis en scène par une femme avec autant d’énergie que ne l’aurait fait un homme : « Forcez, n’attendez pas l’autorisation des hommes ! ». Cette année, dans son rôle de Présidente du jury des films du Festival de Cannes, elle a orchestré la parité de ses membres : cela lui ressemble bien. En tant que spectatrice, après sa mini- série envoûtante et troublante tournée pour la télévision Top of the lake, on attend avec impatience son prochain film : une adaptation probable de The Flamethrowers (Les lance-flammes), roman américain signé Rachel Kushner. « Une histoire de femme passionnée de moto, d’art contemporain et d’idées radicales ».
À lire: Jane Campion par Jane Campion – Michel Ciment – (Éditions des Cahiers du cinéma)

JULIANNE MOORE : UNE ACTRICE QUI OSE
La Palme d’interprétation féminine revient à Julianne Moore, 53 ans, pour son rôle dans Maps to the Stars du canadien David Cronenberg où elle incarne « une starlette quinqua au creux de la vague, névrosée et assoiffée de reconnaissance ». On découvre Hollywood dans un déchaînement des pulsions et une odeur de sang. C’est une farce féroce et acide. Mads to the stars aurait été un titre plus juste ! Prix amplement mérité pour une vraie prise de risque de cette flamboyante rousse (blonde décolorée dans le film). L’actrice, sexy-arty, par ailleurs ambassadrice chez l’Oréal Paris, a beaucoup de recul et de lucidité sur cet autre rôle : « Notre culture est bien trop obsédée par l’apparence… Je trouve ce statut d’égérie très flatteur, j’aime cette marque qui présente la beauté à tous les âges, dans tous les pays et ne s’adresse donc pas qu’à l’élite. L’âge qui de toute façon sortira grand vainqueur n’offre pas que des désavantages, il nous ouvre aussi un éventail de nombreux rôles ». Discours forcément validé et approuvé par Mid&Plus.

DES FILMS AU FÉMININ PLURIEL
Déjà ou bientôt sur nos écrans, des films qui zooment sur des femmes Mid&Plus.
Mommy du jeune réalisateur Xavier Dolan : une mère un peu ado attardée récupère la garde de son fils agité par des troubles comportementaux. Difficile de le remettre dans le droit chemin. Ces liens fusionnels et extrêmes se vivent bien à l’écran.
Sils Maria d’Olivier Assayas : une comédienne (Juliette Binoche) se voit confier le rôle d’une femme mûre poussée au suicide dans une nouvelle adaptation de la pièce qui l’a rendue autrefois célèbre dans le rôle de la fille interprétée cette fois par une ambitieuse actrice hollywoodienne : tous ces miroirs de l’âge sont-ce des mirages ?
Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis : une entraîneuse de cabaret, la soixantaine bien tassée, quatre enfants, à qui un de ses plus fidèles clients va proposer le mariage. Angélique, femme libre, rentrera-t-elle dans le rang ? Histoire vécue : la mère de Samuel Theis y joue son propre rôle. Caméra d’or méritée.
L’homme qu’on aimait trop de André Téchiné. Inspiré de l’affaire Le Roux qui n’est toujours pas close. Une histoire de casino, de disparition d’héritière et d’avocat trouble. Catherine Deneuve y incarne la mère, Madame Le Roux : femme solaire et digne. Elle perd tout : son casino, sa fille et passera le reste de sa vie à demander justice. Maître Agnelet, le vrai, vient d’être condamné à vingt ans de prison ! Un amour mère et fille…au- delà de l’absence.

Doc Eugénie

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