Claire Hédon, Présidente France d’ATD Quart Monde

0

Le 17 octobre, ATD Quart Monde* célèbre la Journée mondiale du Refus de la misère instaurée en 1987. Portrait de celle qui vient de prendre en septembre les fonctions de Présidente France de ce mouvement international créé en 1957 par Joseph Wresinski.

Qui est-elle ? Journaliste, Claire Hédon présente des magazines qui traitent de la santé. Parallèlement, elle vient d’être nommée Présidente d’un mouvement auquel elle prête son concours depuis longtemps. Rien d’étonnant pour une femme qui s’engage et défend ses convictions avec âpreté et fermeté, que ce soit au travail, dans sa vie familiale ou sociale. « Mon regard a changé sur les personnes en difficulté et je m’intéresse à leur mieux-être comme par exemple la mise en place de systèmes de santé, l’équivalent de notre Assurance Maladie, mais dans les pays en voie de développement, les personnes n’ont même pas d’état civil ! ». Si 50% des personnes qui pourraient bénéficier du RSA en France ne le demandent pas, on compte un peu plus de 8 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté dans notre pays.

Son objectif : la justice. « Déjà toute jeune, je me suis intéressée au monde de l’humanitaire. Mon envie d’œuvrer pour les autres a trouvé une réponse à ATD, car, pour moi, la pauvreté est une injustice. Dans mon milieu familial, on parlait de charité, mais là, c’est une question de droit. Je suis allée en Inde chez Mère Teresa à Calcutta où j’aidais dans un centre qui accueillait des femmes en souffrance psychiatrique. J’ai vite compris que l’aide ne suffit pas, qu’il ne faut pas seulement gérer la misère mais lutter contre elle. Nous avons aujourd’hui des réunions régulières qui regroupent tous les mouvements, l’Association du Vivre ensemble, le Réseau Alerte, le CNLE, le Conseil National de lutte contre l’exclusion et nous œuvrons ensemble pour que notre voix soit entendue par le gouvernement ».

Passerelle et porte-parole. Ce mouvement international a pour objectif d’inciter les plus pauvres à être présents dans les instances où se prennent les décisions. Pour que les réformes répondent à leurs besoins et n’aillent pas à l’encontre de leur volonté. « Comme aux Philippines, avec le réchauffement de la planète, la multiplication des cyclones a fait que les familles logées sous les ponts ont été chassées par les inondations. Au lieu de les reloger dans des bâtiments neufs, à 50 kilomètres de la ville, sans moyens de transport pour se déplacer ni emploi sur place, il aurait fallu les consulter pour trouver des solutions mieux adaptées à leur situation. Mais le Quart Monde c’est aussi chez nous, pays occidental dit riche, avec des personnes qui vivent dans une très grande précarité alors que nous sommes la 6e puissance mondiale. »

Changer le regard. Pour lutter contre la pauvreté, ATD s’appuie sur des actions comme l’accès à la culture, les bibliothèques de rues, les universités populaires qui accueillent ceux qui veulent échanger sur des thèmes liés à l’actualité comme la COP 21 ou l’accueil des réfugiés. Discuter avec des personnes qui n’ont pas l’habitude de prendre la parole, leur permet d’élaborer et de construire une pensée ensemble. « Après, ces personnes oseront aller voir la directrice de l’école, les instituteurs des enfants ou l’assistante sociale en défendant leur point de vue. On comprend souvent mal l’énergie qu’elles déploient pour essayer de s’en sortir et elles nous obligent à comprendre que ce n’est pas volontairement qu’on reste pauvre, mais que la société et le gouvernement n’agissent pas toujours de manière efficace pour éradiquer la misère ».

Des objectifs et des résultats. La baisse de la pauvreté n’est toujours pas au rendez-vous, mais il y a des avancées comme les allocations familiales pour ceux qui ne travaillent pas ou la loi contre les exclusions. Claire Hédon en est certaine, il faut à chaque fois passer par la loi. « En ce moment, nos combats portent sur la reconnaissance de la discrimination pour cause de précarité comme pour l’obtention d’un logement et l’expérimentation de territoires 0 chômeur de longue durée pour laquelle nous attendons une loi pour commencer le travail. Le gouvernement bouge si la société bouge ! La tâche est grande mais pas impossible ! ».

Vicky Sommet

En finir avec les idées reçues sur la pauvreté aux Éditions ATD Quart Monde

*Le Mouvement ATD Quart Monde a fait évoluer la lutte contre la pauvreté pour la faire passer d’objet de charité à lutte pour les droits de l’homme. Né dans un bidonville de Noisy-le-Grand dans les années 50, il est à l’origine d’un grand nombre d’avancées législatives comme le Revenu Minimum d’Insertion (RMI, ancêtre du RSA), la Couverture Maladie Universelle (CMU) ou le Droit au logement opposable (DALO).
Faire un don à ATD Quart Monde

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.