Corinne Isnard Bagnis, méditer pour mieux soigner

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De l’éducation thérapeutique à la méditation à l’hôpital, il n’y a qu’un pas sur le chemin de l’accompagnement des patients que Corinne Isnard Bagnis, néphrologue, a franchi, ouvrant une voie nouvelle pour les soignants.

Découverte de la méditation

Professeur de néphro depuis 12 ans, Corinne Isnard Bagnis avait toujours eu la tentation de la méditation, sans avoir envie de s’attacher à une spiritualité ou une religion particulière. Alors qu’intuitivement, elle savait que ce qu’on appelle MBSR (mindfulness based stress reduction) pouvait l’aider. À titre personnel, comme sur le plan professionnel. Et c’est quand elle s’est retrouvée dans le maelstrom d’une situation personnelle tendue, il y a dix ans, qu’elle a véritablement découvert par elle-même combien la pratique de la méditation de pleine conscience pouvait apporter. Et immédiatement elle a pensé à transposer pour ses patients tout ce qu’elle vivait comme transformation et amélioration à titre personnel, comme Jon Kabat-Zinn l’avait fait à Boston.

De la douleur à la douceur

Engagée depuis longtemps dans l’éducation thérapeutique des patients -avec les maladies chroniques rénales, il faut apprendre à vivre avec-, Corinne Isnard-Bagnis avait atteint les limites d’un système trop cognitif. « Il ne suffit pas de savoir pour bien faire. L’esprit seul ne suffit pas. C’est tout l’intérêt de la méditation de pleine conscience que de réunifier le corps et l’esprit, et le balayage corporel est un des exercices les plus efficaces pour apprivoiser sa douleur chronique, ce qui aide véritablement au quotidien les patients à prendre en charge leur maladie. Les compétences d’auto-soin se développent alors au fur et à mesure que le patient retrouve l’estime de lui-même. » Avec de la bienveillance à leur égard, une capacité à être à l’écoute de soi, qui apporte beaucoup de douceur, en lieu et place de la douleur.

« La méditation de pleine conscience n’est pas la panacée universelle ni un médicament. Mais elle permet de dézoomer sur sa douleur, d’élargir son champ de conscience, et de créer des expériences neutres voire agréables, là où ce n’était qu’un champ de plaintes et douleur. »

Sans être devenue bouddhiste pour autant, Corinne Isnard Bagnis a aujourd’hui apprivoisé la culture dont est issue la méditation de pleine conscience : « on ne peut pas passer à côté du non-attachement » reconnaît-elle en souriant.

Transmettre aux patients et soignants

Corinne a mis en place une formation gratuite sur huit semaines pour les patients à La Pitié La Salpêtrière, avec le soutien de la Fondation Pileje, ainsi qu’un Diplôme Universitaire pour les soignants, pour qui la méditation de pleine conscience s’avère très utile pour développer la qualité de la relation de soin avec leurs patients, une pratique où tout le monde est gagnant. Car arriver à désactiver le cercle infernal et vicieux de l’anticipation comme de la rumination, ça change la vie, non seulement pour les patients, mais aussi pour leurs soignants, en adoptant une autre façon d’être.

Auteur de plusieurs livres et d’un blog, Méditation et santé, Corinne Isnard Bagnis utilise pleinement ses deux vies, en néphrologie et méditation, pour permettre que cette dernière soit reconnue pleinement par le monde médical, comme l’est devenue rapidement l’hypnose.

Anne-Claire Gagnon
Mid&Flandres

LIRE

La pleine conscience au service de la relation de soin (édition De Boeck, 2017)
La méditation de pleine conscience
(
P.U.F, Que sais-je ? 2017)

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