Elana Rosenbaum ou comment bien vivre avec sa maladie

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Elana Rosenbaum vit en compagnie d’un lymphome non-hodgkinien depuis 1995, une co-habitation en pleine conscience, puisqu’elle fait partie des pionnières qui ont développé, aux USA, aux côtés de Jon Kabat Zinn, la pratique de la MBSR (mindfulness-based stress reduction).

Une pionnière de la MBSR

Dès les débuts de sa carrière de travailleuse sociale et psychothérapeute, en 1980, au Massachussetts, Elana a voulu suivre le cours de yoga en face de son lieu de travail, dans un hôpital et s’est intéressée également à la méditation. Comme le prof de méditation n’avait pas de voiture, c’est elle qui le véhiculait. Le prof de yoga était un médecin et s’appelait Jon Kabat-Zinn et celui de méditation Larry Rosenberg… L’aventure de la MBSR démarrait et Elana devint rapidement une instructrice dont la particularité était de faire souvent chanter les participants à la fin d’une session. Pour elle, le chant et la danse sont des expressions corporelles essentielles à la gestion de notre stress et de nos émotions.

« Cela crée une cohésion du groupe, les gens sourient et sont absorbés par la musique qui est un point de ralliement positif. Nous sommes presque tous capables de chanter et cela nous permet de ne pas se focaliser sur ce qui va mal en nous…une pratique qui est joyeuse. »

L’expérience du cancer

Lors de la greffe de moelle qu’elle a subie en 1996, Elana s’est retrouvée de l’autre côté du miroir, en patiente, souvent incapable de se concentrer tant elle souffrait. Mais grâce à la pleine conscience qu’elle n’a cessé de pratiquer, elle a pu trouver, instant après instant, la paix au milieu de la souffrance. Dans la chambre où elle était, baignée de lumière, la seule chose qu’elle pouvait faire c’était voir le ciel et le mouvement des nuages. Jamais elle n’a cherché à lutter contre les choses qu’elle ne pouvait changer, mais pendant cette hospitalisation, elle ne s’est pas interdit de ressentir sa tristesse sans être la tristesse. Elle a reçu beaucoup d’amour de ses proches, à son chevet, elle qui ne pouvait guère en témoigner. Et dès qu’elle a pu aller mieux, elle a réalisé un de ses rêves les plus chers, avoir une chienne, baptisée Chaya (Life) qui a été d’un soutien indéfectible.

Vivre en bonne intelligence avec sa maladie

« La vie est un exercice d’équilibre, où tout change tout le temps. » Nous sommes tous soumis au vieillissement, à la maladie, aux pertes, petites et grandes, aux chagrins. La méditation apporte l’ouverture qui permet d’accueillir sans jugement et de trouver dans l’obscurité que provoque la maladie la lumière pour continuer. Le malade n’est pas la maladie. Le malade reste toujours une personne. Aujourd’hui, Elana accompagne beaucoup de malades à qui elle enseigne la MBSR¹ pour leur permettre de s’embrasser dans leur vulnérabilité, en leur rappelant la nécessité de faire des pauses chaque jour, le temps de s’arrêter, de respirer pleinement, de s’ouvrir et d’observer.

« Pourquoi faut-il être au bord de la mort pour apprécier la vie ? » interrogeait Elana lors de la conférence qu’elle a donné à Bruxelles le 23 janvier dernier. C’est tout le paradoxe des humains et toute la force de la pleine présence qui apprend jour après jour à lâcher prise sur notre résistance, être lucide sur les réalités pour ne pas être le saumon qui remonte le courant, mais pour dire comme Elana : « Oui à la vie et à tout ce qu’elle contient ! »

Anne-Claire Gagnon

¹Elana Rosenbaum a été, avec Susan Bauer-Wu, à l’origine de la première publication scientifique en 2008 sur l’intérêt thérapeutique de la MBSR en oncologie, suivie de nombreuses autres. Dans beaucoup d’unités d’oncologie, les techniques de MBSR sont désormais pratiquées. Écouter Elana dans la conférence donnée à Bruxelles en janvier 2017. 

-Lire Se sentir bien « malgré » la maladie d’Elana Rosenbaum (Éditions De Boeck Supérieur).
-Écouter Elana ci-dessous dans une méditation enregistrée disponible jusqu’au 7 avril 2018 :

-Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever chaque matin : « Chaque matin, je suis heureuse d’être en vie. Je regarde par la fenêtre et suis reconnaissante de voir la nature, d’avoir une maison, un corps et d’être entourée de gens, comme mon mari, que j’aime. Tous les matins, mon nouveau Springer Spaniel, Zeke, est là, toujours fidèle au poste, prêt à être caressé, câliné et toujours disposé pour jouer… il est la vie-même, un précieux compagnon. »

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