Elise Boghossian, thérapeute de guerre

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Prodiguer des soins à domicile ou en cabinet, c’est le travail pour lequel Élise Boghossian a été formée. Spécialiste de la médecine chinoise et du traitement de la douleur, elle a choisi de sortir de nos frontières et d’aller là où son savoir-faire viendra en aide aux victimes de la guerre, en Jordanie, en Irak, pour réparer encore et encore !

Partir pour répondre à un appel. Avec en tête le souvenir de ses grands-parents qui ont eux aussi subi l’exil, elle ne peut rester indifférente quand elle voit les images qui arrivent de Syrie évoquant l’exode de ses populations. Elle décide alors d’aller plus loin, c’est-à-dire sur place pour porter secours avec sa pratique d’acupunctrice, sans savoir si elle pourra être utile ! Elle rencontre tout de suite des enfants amputés avec une douleur neuropathique qui perdure après l’opération. Et quand il n’y a pas de médicaments ou que la morphine ne peut être prescrite aux jeunes enfants, c’est là que l’acupuncture peut jouer pleinement son rôle pour soulager et la douleur et la difficulté de vivre dans les camps où règnent violence, viols, trafics d’organes pour acheter un visa. Une ville où s’applique la loi du plus fort !

L’humanitaire sous plusieurs formes. Résultats d’agressions nocturnes ou parce qu’elles monnaient leur corps, les femmes syriennes accouchent dans les camps sans péridurale. Et l’acupuncture peut les soulager et les aider à faire venir le bébé plus calmement. Mais Élise Boghossian doit faire face au sentiment d’échec au quotidien surtout quand on sait qu’un réfugié passe en moyenne dix-sept ans de sa vie dans un camp et que, d’après les chiffres publiés par le Haut-Commissariat pour les réfugiés, plus de 50 millions d’entre eux et de déplacés ont dû fuir leur domicile, toutes régions confondues.

Comment vivre au retour ? Élise Boghossian a un mari, trois jeunes enfants, une activité professionnelle et une vie qu’elle s’est choisie à Paris. Mais face à cet océan de détresse, elle a eu l’idée d’utiliser l’acupuncture comme médecine d’urgence. Et de transmettre les secrets de sa pratique pour que ses patients deviennent à leur tour des thérapeutes. Après Hanoï et la Jordanie, après Calais et l’Irak, le Moyen-Orient est la destination qu’elle prend une fois par mois, munie d’un matériel léger et fiable, pour soulager la douleur des femmes et des enfants principalement car les hommes sont souvent au front ou morts au combat. Et aussi pour éviter des AVC, des blessures de guerre qui s’infectent, des amputations… et recevoir en retour un regard de gratitude et même parfois un sourire.

Vicky Sommet

Créée en 2002, EliseCare est une organisation non gouvernementale (ONG) qui apporte une aide médicale aux populations civiles vivant en zones de conflit et pratique l’acupuncture, la médecine traditionnelle chinoise. Élise Boghossian, sa présidente, soigne les victimes de guerre, d’abord en Arménie, puis en Jordanie. Les conflits s’aggravant au Moyen-Orient, EliseCare en partenariat avec les hôpitaux présents sur place, a créé deux dispensaires médicaux en Irak et mis en place des bus pour soigner dans les camps et un bus spécifique pour les femmes et les enfants.
Au royaume de l’espoir, il n’y a pas d’hiver d’Élise Boghossian (Éditions Robert Laffont).
Pour aider son association : Elise Care

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