Fanny Jean-Noël : danse avec le monde !

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Fanny Jean-Noël vient de tourner un film unique et atypique sur la danse en faisant le tour du monde en solitaire, caméra au poing et sac au dos. C’est la première fois dans l’histoire du cinéma qu’un long métrage est réalisé sur le sujet : la rencontre d’une vingtaine de personnages, danseurs amateurs ou professionnels, parlant le même langage universel de la danse, besoin vital, premier né des arts. Retour sur la genèse de ce petit bijou d’esthétisme et de poésie baptisé Move ! 

Le cinéma a toujours fait partie de sa vie et de ses rêves. Très tôt Fanny est initiée à cet art par sa mère qui l’emmenait dans les salles d’art et d’essai de Montpellier où elle y découvre ado les films inspirants de Wim Wenders, Jim Jarmusch ou Kusturika. C’est là que l’idée de faire du cinéma germe. Plus tard c’est le Tree of Life de Terrence Malick ou le 8 1/2 de Fellini qui la subjuguent. Bien que son physique aurait pu l’y destiner, Fanny ne songe pas à être actrice, elle veut être réalisatrice. Le bac en poche, elle s’inscrit en fac section Cinéma et ira jusqu’à la licence. À 21 ans, lors d’un stage aux États-Unis, elle rencontre la Californie et son cinéma. Elle n’a plus qu’une seule idée en tête, y repartir. Elle entend parler d’une loterie qui permet d’obtenir la fameuse green card et bingo… elle gagne ! Direction la Côte Ouest avec sa valise en carton et 1.000 euros en poche. Elle tourne alors son premier court métrage, parrainée par John Malkovich. Elle a 25 ans. De retour en France pour le présenter au Festival de Cannes, elle y reste et continue à tourner clips, docus et courts métrages*.

Fanny a une autre passion dans la vie : la danse. Elle l’a toujours adorée depuis toute petite, elle  fait partie de son quotidien. « Je n’ai jamais bu ni fumé de ma vie et quand les gens sont surpris par ça, je leur dis « je ne fume pas, je ne bois pas, mais qu’est-ce que je danse ! » C’est ma drogue. J’adhère à 100% avec la phrase de Nietzsche qui dit « Considérons comme perdue toute journée où n’avons pas dansé au moins une fois ». C’est d’ailleurs devenu ma religion, j’essaie de danser même 30 secondes par jour, comme ça ma journée n’est pas perdue. » C’est au Centre de Danse du Marais à Paris que l’idée de réaliser un long métrage sur le sujet émerge. La danse, qu’elle soit découverte, divertissement, esthétique, inconnue, spectaculaire, touchante, a toujours une fonction : danse guerrière, de séduction, de cour, incantatoire, de rituel, aux rois ou aux ancêtres… La réalisatrice, grande voyageuse, a alors envie de combiner un tour du monde avec une quête des représentations des différentes fonctions de la danse, en suivant les âges de la vie : l’enfance, l’apprentissage, la mort.

Tour du monde. La cinéaste part une première fois en juillet 2011 pour six mois et demi. 25 jours par pays : Amérique du Nord, du Sud, Centrale, Polynésie, Indonésie, avec en tête un scénario précis, mais une fois sur place, il évoluait au fil des rencontres et des lieux. Fanny qui n’a peur de rien tourne où elle veut et où elle sent qu’il faut qu’elle soit. « Je restais ouverte à l’imprévu tout en gardant à l’esprit l’idée directrice. Ma grand-mère me disait : vas où tu veux, meurs où tu dois. »

Move. Revenue en France, financement oblige, elle repartira entre août 2012 et fin octobre 2013 pour tourner cette fois-ci ses séquences à Bali, Irlande, Espagne, Japon, Madagascar, Maroc, Géorgie, Inde… Ainsi naît Move ! 1h15 de magie. Film uniquement d’images, la danse est son langage et sa poésie. Réaliser un film est un travail de titan, celui d’une équipe. Il faut du savoir-faire certes, mais surtout des moyens pour que ce qui a été tourné, mis en boite, prenne vie dans une salle. Aujourd’hui le nouveau combat de Fanny est donc de trouver, producteurs, distributeurs, salles et télévisions. Avis aux amateurs !

Merci Fanny de cette belle leçon d’énergie, de courage et de liberté et bonne chance à ce merveilleux road trip de la danse dont nous avons la chance de voir un extrait ci-dessous et que nous espérons voir très vite sur grand écran dans sa version intégrale. En attendant, dance for life, Move !

Marie-Hélène Cossé

http://www.fannyjin.com/blog/
http://www.fannyjin.com/ 

*Julie et ses Jules, son 4ème court métrage, réalisé en 2010, coproduit par France 2, reçoit de nombreux prix. https://vimeo.com/61423403

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