Michaëlle Jean, une femme d’action

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« Servir, contribuer, rassembler, tel est le fil de ma vie ». Avec  ce programme, Michaëlle Jean, 58 ans, ne pouvait que réussir un parcours sans faute. Récemment élue nouvelle Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, elle a bénéficié du soutien du Président François Hollande sur les qualités de sa candidature auprès de ses pairs francophones.

Une vie intimement liée au Sud et au Nord. Née à Port-au-Prince en Haïti, sa famille fuira « Papa Doc » Duvalier dès son arrivée au pouvoir et la répression qui s’ensuivit. « Je me souviens du silence de plomb, des arrestations arbitraires, du visage tuméfié de mon père lorsqu’il fut relâché après avoir été torturé ». Arrivée au Canada qui lui accordera l’asile et parce que sa famille parle français, ce sera l’acquisition d’une nouvelle citoyenneté et le respect des droits et des devoirs qui s’y rattachent. Elle suivra des études de lettres à l’université de Montréal où elle enseignera par la suite, militera au sein du mouvement féministe du Québec pour que soit reconnue la situation de milliers de femmes victimes de la violence conjugale en contribuant à la création de refuges d’urgence : « Le combat pour les droits des femmes a été pour moi une formidable école ».

Journaliste, un métier d’engagement. C’est en rentrant en Haïti en 1987, après la destitution de Duvalier, pour participer à un documentaire sur les premières élections libres depuis 30 ans, qu’elle prend conscience de la force du journaliste qui rend compte et raconte ce qu’il a vu. Elle devient la première journaliste noire de l’information à Radio-Canada. Jusqu’à devenir le 27 septembre 2005, la 27e Gouverneure générale et Commandante en chef du Canada, la 3e femme seulement à exercer cette responsabilité et la représentante d’une autre femme d’exception, la Reine Elizabeth II, chef de l’État en titre. Beau parcours pour une enfant d’immigrés ! Envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti lors du séisme qui a ravagé son pays natal, Chancelière de la plus grande université bilingue dans le monde, Michaëlle Jean est mariée et  a créé avec son époux une fondation à son nom qui se consacre aux jeunes les plus vulnérables du Canada.

Francophonie Michaelle Jean-MidetplusUn nouveau tournant de sa vie. « Je mesure la tâche qui m’attend. J’entends répondre aux besoins et aux attentes des États et gouvernements membres tout en donnant une nouvelle impulsion à la Francophonie ». Après des pères fondateurs aussi prestigieux que Bourguiba, Senghor, Sihanouk et d’autres, la personnalité ferme, engagée mais souriante de Michaëlle Jean contraste avec ses prédécesseurs. Une femme énergique et dynamique mais aussi très féminine et élégante, elle est venue à la francophonie parce qu’elle aime se définir comme « arrière-arrière-arrière-petite-fille d’esclaves » et a toujours été émue d’être reçue comme « une fille d’Afrique » lors de ses déplacements. Affectueusement surnommée par ses concitoyens canadiens « La Petite Reine », elle va se battre pour défendre son projet sur le développement économique et sur l’éducation comme « arme de construction massive ». Sa tâche ne sera pas facile et elle est attendue au tournant. Mais cela ne lui fait pas peur ; n’avait-elle pas déjà, lorsqu’on lui avait proposé d’accepter de devenir Gouverneur général, décidé d’établir une liste de noms de personnes potentielles pour ce poste : « Puis, j’ai réfléchi » a-t-elle expliqué dans une interview « Pourquoi pas moi, en effet ? ».

Alors pourquoi pas elle aujourd’hui à la tête d’un espace francophone qui regroupe 80 pays membres à travers le monde et quelques 274 millions de locuteurs français répartis sur les cinq continents ? Et en français, on dit « bonne chance ».

Vicky Sommet

www.fmjf.ca/en/ 
www.francophonie.org/Le-Secretaire-general.html

 

 

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