Tina Kieffer : toutes à l’école

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Tina Kieffer, célèbre journaliste, scénariste, productrice et chroniqueuse (DS Magazine, Marie-Claire, Frou-Frou, Demain, il fera beau, etc.) est la maman de cinq enfants dont une petite fille adoptée au Cambodge :
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« Une petite silhouette. Celle d’une fillette de trois ans qui en paraît à peine deux. Assise sur un banc, ses jambes maigrelettes flottant dans le vide, elle pleure dans ses mains. C’est cette image qui fera basculer ma vie alors que je suis venue déposer des vêtements dans un orphelinat de Phnom Penh. Parce que trouver une famille est pour elle une urgence, Chandara deviendra mon cinquième enfant ».

Happy Chandara

Tout naturellement, elle se tourne alors vers l’action humanitaire « … J’ai revu l’ordre de mes priorités, d’une part parce qu’en y mettant le doigt, j’y ai vite mis le bras et que l’école est devenue plus importante que tout ». L’association Toutes à l’école¹ a ainsi vu le jour dans le but de sauver par l’instruction les petites filles les plus démunies au Cambodge. Dans ce pays qui a perdu tous ses intellectuels sous le régime des Khmers rouges, les instituteurs se sont faits rares alors que la moitié de la population a moins de 20 ans. La situation actuelle pénalise surtout les filles, maltraitées, vendues parfois dès l’âge de 6 ans quand elles ne sont pas destinées à la prostitution. Toutes à l’école veut les sauver et essayer de leur donner la meilleure instruction possible pour que demain, elles puissent vivre dans leur pays avec un métier et un avenir.

Happy Chandara, c’est le nom de l’école, a relevé un défi exigeant pour qu’une enfant d’où qu’elle vienne, de la campagne ou d’un bidonville, puisse aller aussi loin qu’une autre si on lui donne le meilleur pour s’instruire et s’épanouir. Après huit années d’existence, les résultats sont plus que positifs : 100 nouvelles élèves inscrites chaque année et près de 1.000 petites filles qui ont déjà suivi un enseignement. Avec pour celles qui ne pourraient suivre des études supérieures, un centre de formation coiffure, un diplôme reconnu par l’état, sans oublier un cabinet médical, un cabinet dentaire pour la santé des élèves et un internat pour les plus démunies.

Amateurs, s’abstenir !

« Mon nouveau métier n’est pas si éloigné du journalisme car il exige d’enquêter sans cesse sur l’évolution du pays, ses nouveaux métiers, la condition des femmes, le système de santé, etc. Ce n’est qu’en maîtrisant parfaitement le terrain grâce à des enquêtes rigoureuses (sans se baser sur les chiffres officiels pas toujours fiables) qu’on peut apporter des solutions à la population ». Mais pour mener à bien cette tâche, Tina Kieffer doit sans cesse chercher à lever des fonds car il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Que vous soyez une entreprise ou un particulier, vous pouvez à votre tour devenir mécène… ou institutrice pendant une année scolaire. Partenaire institutionnel², vous pouvez parrainer une classe entière, partenaire privé³, votre parrainage couvrira une partie des frais de scolarité, les soins médicaux, les repas et l’aide aux familles.

Et demain ?

Reproduire cette école ailleurs est un des souhaits de Tina Kieffer qui n’est pas encore concrétisé. Et pourtant, les élèves sont motivées, progressent mieux qu’on aurait pu l’imaginer au départ et ont l’air vraiment heureuses d’apprendre. Un modèle qu’il suffirait de reproduire si les fonds venaient à son secours. Mais elle garde espoir car baisser les bras ne figure pas dans son ADN : « Il serait urgent d’ouvrir d’autres Happy Chandara afin que chaque année des promotions de jeunes femmes diplômées, mais aussi éduquées avec des valeurs de tolérance et de générosité, arrivent dans la vie professionnelle et participent aux avancées de leur pays ».

Son moteur ?

« Le principal moteur de ma carrière a été la curiosité. Comprendre ce qui se passe ailleurs et le partager. Étant assez créative, notamment par l’écriture, je me suis tournée vers le journalisme. Mais en dirigeant des magazines engagés, j’ai vite été confrontée à des réalités très dures, surtout sur la condition des femmes et des enfants dans le monde. Vient un moment où dénoncer ne suffit plus, on a envie d’agir ». Telle est la profession de foi de Tina Kieffer, une vie où se mêlent passion, volonté, autorité et sensibilité, des qualités très féminines ! Chandara doit aujourd’hui être très fière de sa nouvelle maman !!!

Vicky Sommet
*Article translated by Artemis Sfendourakis for My French Life.

¹ www.toutes-a-l-ecole.org/
²€20 000/an donnent
droit aux déductions fiscales de 60% des dons dans la limite de 0,5 du CAHT.
³Déduction de 66% dans la limite de 20% du revenu net imposable.

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