Coming out(s)

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Il est 14 heures ce dimanche. Vous vous apprêtez à prendre un bon café après le repas familial quand votre fils se plante devant le canapé où vous êtes installés : « Papa, Maman, j’ai quelque chose à vous dire : je suis gay ».

Aucun parent n’est jamais vraiment prêt à être parent d’homo

Et voilà, quelque soit la forme que prend cette révélation ou « coming out », vous êtes sous le choc. Cet aveu est une marque de confiance, vous en avez conscience. Vous sentez que votre première réaction est importante, que vous devez rassurer votre enfant, lui dire que vous l’aimez, mais cela n’empêche pas la souffrance. Même si la société est plus tolérante, se découvrir parent d’homo n’est pas simple.

« Cela ne me posait pas de problème si un ou une amie de mes enfants était homosexuel(le), mais c’est bien autre chose quand il s’agit de son propre enfant. On se prend une vraie claque. J’ai dû me remettre en question. ll m’a fallu admettre que mon fils n’était pas comme je le pensais et j’ai dû faire le deuil de l’image que me faisais de mes vieux jours avec de nombreux petits-enfants. Ce n’est pas facile ». Pierre

« Les parents passent aussi souvent par une phase de culpabilité », dit Nicole, accueillante dans un centre d’écoute ouvert aux parents d’homosexuels, « il faut en sortir. Les ressorts de l’orientation sexuelle sont complexes, beaucoup de caricatures circulent. Dans une même famille un garçon ou une fille est homo, l’autre enfant du même sexe ne l’est pas, pourquoi ? Le mystère des origines de l’homosexualité est entier et les parents n’ont pas à culpabiliser. »

Commence ensuite la phase qui conduit à l’acceptation de la situation

Certains parents rejettent leur enfant. Fort heureusement, pour d’autres, et de plus en plus, c’est un chemin plus ou moins rapide vers l’acceptation qui commence… avec ses hauts et ses bas. « Un jeune a souvent mis des années avant de s’avouer à lui-même son orientation sexuelle », reprend Nicole, « il peut comprendre que l’acceptation de la réalité ne soit pas instantanée chez ses parents, ce qui importe c’est que le dialogue ne soit jamais rompu et qu’il y ait du respect de part et d’autre ». Participer aux réunions d’une association¹ peut être un soutien. Dans tous les cas, en parler et ne pas rester seul-e(s) est important.

Reste aux parents à faire leur coming out en tant que parent d’un(e) homo

Ce qui n’est pas toujours évident ou réserve quelques surprises. « Ma fille, m’a demandé de l’annoncer à ma mère de 75 ans », dit Christine. « À mon grand étonnement, elle a réagi en me disant que c’était un non-sujet, que la sexualité entre filles faisait partie de l’apprentissage amoureux. J’étais sidérée ! ». « En accord avec notre fils », raconte Georges, « nous le laissons gérer qui il va mettre au courant dans la famille. Nous, nous en avons parlé à nos amis quand nous nous sommes sentis prêts à le faire. Cela dit, tout n’a pas été idéal : des amis qui nous avaient promis d’être discrets n’ont pas pu s’empêcher d’en parler à d’autres personnes avant nous et mes beaux-parents nous en veulent.»

Aucune situation, aucune histoire n’est donc la même mais, ainsi qu’en témoigne Alice, « On sort chamboulés de cette expérience, plus tolérants, plus humains. C’est ce qui importe après tout. »

Isabelle Haynes
Mid&Londres

¹ Accueil de parents d’homosexuels : CONTACT : 0.805.69.64.64 DUEC :  01.58.64.03.04  DAVID ET JONATHAN : 09 50 30 36 37.

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