Faut-il avoir peur des robots ?

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Les réactions entre le Japon et l’Occident sont complètement opposées lorsqu’il s’ait des robots. Les Japonais les aiment, ils sont fascinés et très actifs dans leur construction. Les Occidentaux, eux, les voient soit comme des monstres (Frankenstein) ou des êtres artificiels qui menacent l’emploi voire l’Homme, création de Dieu avec qui ils entreraient en rivalité, surtout s’ils sont pourvus d’intelligence artificielle. Pourquoi une telle différence ?

En Occident, certains scientifiques  alimentent la peur des robots. Pour l’instant, les robots de Boston Dynamics sont à la pointe de ce qui se fait en terme de technologie.  Mais si la prochaine étape était de recourir à davantage d’intelligence artificielle ? Lors d’une interview, le célèbre physicien Stephen Hawking qui n’a jamais caché son intérêt pour la série Star-Trek, déclare : « Les formes d’intelligences que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à la race humaine. Les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés ».

Alors que pour les Japonais, les robots vont sauver le pays. Le Japon voit sa population décliner et vieillir. Le taux de fécondité est très bas (1,4 enfant par femme). De 127 millions de Japonais aujourd’hui, les sources convergent pour estimer la taille de la population à 87 millions, dont 40% de personnes de plus de 65 ans en 2060, si l’on se projette en 2110, c’est l’effondrement : on arrive à 43 millions, dont 41% de  plus de 65 ans. Pourtant, il n’y a quasiment pas d’immigrés au Japon. Alors qu’en France on discute de l’entente entre cultures, au Japon la sauvegarde de l’identité nationale prime sur le besoin de trouver la main-d’œuvre nécessaire pour faire fonctionner le pays.

Les Japonaises s’amusent des éphèbes virtuels, silhouettes sur des écrans cellulaires. Insidieusement, les robots s’introduisent dans la vie quotidienne. On éprouve même des sentiments d’affection à leur égard, c’est le cas du gentil phoque Paro, un animal de compagnie qui aide les personnes séniles à activer leur cerveau.

Faut-il être confiant pour autant ? Au Japon, on est optimiste : la disparition des emplois n’est pas un problème s’ils sont remplacés…  par des robots ! Ce sont « eux » qui vont pallier le déclin inéluctable de la population active. C’est pourquoi, les Japonais sont très positifs à l’égard de cette évolution et le gouvernement n’est pas avare de subventions. L’idée que des robots obéissants vont accomplir de plus en plus de tâches ingrates est tout à fait acceptée. On  pourra les remplacer s’ils font des erreurs et vont devenir très utiles, voire restaurer la grandeur passée du pays. C’est une avancée qui va permettre d’améliorer la productivité et relancer les exportations. Il n’y a pas de conflit philosophique dans un pays qui ne porte pas le même regard sur la création que dans une société chrétienne.

Quand même, l’idée de croiser des robots qui auraient une forme humaine que nous ne saurions reconnaître, tels que ceux qu’imagine le scientifique japonais H.Ishiguro, est le cauchemar auquel on préfère ne pas penser.

Michèle Robach
Mid&Japon

À écouter sur France Inter nterview de Laurence Devillers, professeure à la Sorbonne et chercheuse CNRS. auteur de Des robots et des hommes, mythes, fantasmes et réalité… (mars 2017-Plon)

Ils sont déjà là !
Pepper, le premier robot compagnon créé pour divertir les humains et partager leur intimité, déjà commercialisé au Japon depuis 2015*, arrive en Europe : 1m20, voix neutre, il est considéré au Japon comme un homme et en Occident comme une femme… Grâce à son routeur Wi-Fi qui lui permet de se connecter sur internet, il répond à vos questions. Il détecte les formes humaines et se tournent vers elles pour les saluer et engager la conversation. Il peut même vous proposer des activités.  Et on peut l’éteindre avant qu’il ne devienne trop envahissant… 
« Dans 10 ans, dit le PDG de Softbank Robotics, nos robots seront des aides-ménagers basiques qui sauront ramasser un objet, ouvrir une porte, trouver une cuiller dans un tiroir, aller chercher du lait dans le frigo, réchauffer un plat au micro-ondes. » *€2.000 à l’achat, plus un abonnement sur trois ans, soit près de €10.000.

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