Jamais sans son foulard

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Changement de cap pour la journaliste de mode Christine Lombard. Sans couper le fil avec l’essence même de son métier basé sur la couleur, le tissu et la photo, elle crée aujourd’hui des foulards de soie qui racontent des histoires, son histoire.

Une première vie dans le théâtre (lumière et costumes auprès de Jérôme Savary), suivie d’une longue expérience en tant que styliste, rédactrice et directrice mode dans de nombreux magazines (Jardin des Modes, Cosmopolitan, Marie-Claire, Marie-France), Christine Lombard a eu le temps d’affûter son regard artistique. Un œil rivé sur les défilés, l’autre fixé au-dessus de son compte-fils et des planches-contact. Le numérique et le déclin des titres féminins papier l’ont amenée à emprunter récemment cette autre route.

Le foulard fétiche : « Je n’ai jamais pu sortir sans un châle, une étole, une écharpe ou un foulard. Alors, pourquoi ne pas créer les miens ? Ceux que je n’ai pas trouvés, ceux qui me dévoilent et racontent ma propre histoire... »

Renouer avec  le carré. Ce fut d’abord du côté de l’Inde que la créatrice tourna ses pas, mais ne trouvant pas  son bonheur au milieu des qualités inégales de pashmina, elle décida de renouer avec le savoir-faire français et la matière traditionnelle du foulard féminin  : le twill de soie au tomber lourd et aux tons mats. Classique pour la forme certes, beaucoup moins pour le choix de ses thèmes d’inspiration…

Regards croisés. Sa rencontre amicale avec le photographe Christophe Gstalder sera décisive. Indépendant, aventurier, il a photographié mannequins et actrices célèbres mais surtout des « gueules » comme celles de Bukowski, de Niro, Nicolas Cage, Springsteen ou encore Mickey Rourke. Leur passion partagée des voyages, des grands espaces, des États-Unis, des auteurs américains dans la veine de Kerouac ou de Jack London les réunira tous deux, au finish, autour d’un carré de soie.

La Route américaine, tel est le nom de la première collection Christine Lombard.  Des couleurs de terre, de bitume associées à des tons de turquoise, de rose ou de bleu saphir, mariées à des imprimés décalés (panthère) encadrent une photo noir et blanc ou sépia signée Christophe Gstalder. Des bottes de cow-boy, une scène de fête foraine, une route californienne… Un esprit roots, rock and roll qui vient casser l’image lisse et connotée, parfois, de cet incontournable accessoire.

Au fil du foulard. Celle qui ne connaissait, par son métier, que le produit fini, bien fait, doit aujourd’hui à son tour identifier les bons ateliers. Elle les a trouvés, bien sûr, à Lyon. Roulottés main, grand format ou bandanas, ses foulards sont en twill et pour certains mélangés laine et soie :  « Cela glisse moins et c’est aussi une matière plus masculine, car mes créations s’adressent aussi aux hommes ».

La créatrice ne cache pas qu’à 57 ans se frotter aux contraintes administratives n’est pas la partie la plus glamour du métier et plutôt parfois source de découragement. L’avenir ? D’autres matières, le cachemire peut-être… D’autres thèmes ? Au gré aussi des projets de Christophe Gstalder,  concentrés actuellement sur Cuba et le Costa Rica. Après les santiags et le macadam… la nature à l’état pur ?

Christine Fleurot

Christine Lombard Foulards (E-shop et Points de vente Paris-Provinces)

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