La sobriété heureuse est contagieuse !

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L’herbe est toujours plus verte ailleurs et la Belgique est une contrée souvent étonnante par sa liberté de pensée et son imagination. Six initiatives étaient présentées, en préambule à la conférence de Pierre Rabhi organisée par Emergences le 23 octobre à Bruxelles, de l’Épicerie participative au Réseau transition, en passant par le Mouvement Colibris, les Repair cafés ou l’étonnante proposition de Worms asbl¹

« Ne restons pas contre la nature. Le monde de demain sera avec la nature ou ne sera plus. »

Faire pousser des fermes. La coopérative Terre-en-vue rassemble des moyens citoyens pour acquérir des terres et les confier à des agriculteurs responsables. Et si le bonheur était dans le prêt ? Le prêt de la terre, des fermes par une communauté d’urbains, citoyens d’une planète respectueuse de la nature, des animaux et des hommes. Une idée que cultive déjà en France Terre de liens.

Rachetons les fermes, sauvons nos éleveurs (et notre beurre !), cultivons notre bonheur intérieur, produisons localement, ayons la sobriété heureuse et contagieuse de Pierre Rabhi ! Car s’il partage avec Matthieu Ricard une énergie farouche à voir les souffrance des animaux abolies,  il n’est pas végétarien et écoute son corps, qui a besoin de viande – avec modération bien sûr, et venant de bêtes élevées, transportées et abattues dans d’excellentes conditions.

Travailler la terre en harmonie avec la nature. Algérien d’origine, orphelin de mère à 4 ans, Pierre Rabhi est confié par son père à une famille française qui l’élèvera dans la tradition chrétienne, religion à laquelle il se convertit à l’âge de 16 ans. En 1961, il décide de quitter Paris pour mettre en pratique ce que Socrate, son directeur de conscience, lui a enseigné, retrouver l’harmonie avec la nature. Rompant définitivement avec l’urbanisation, il s’établit avec sa compagne dans les Cévennes où il apprend le métier d’agriculteur. Leur premier choix, contre l’avis de leur banquier, sera leur ferme sur un site dont la beauté les émerveille, malgré les difficultés d’une terre rocailleuse, où manque l’électricité. La beauté quotidienne de ce lieu a porté ses fruits, puisqu’ils ont réussi à y mener à bien leur projet – produire de la nourriture vivante qui transmet la vie – élever leurs cinq enfants et mener l’existence à laquelle ils aspiraient. Pierre Rabhi témoigne aujourd’hui de ce qu’il a fait, ce en quoi il croit avec une détermination tranquille.

La force de l’amour. Fidèle à la parole christique de l’amour inconditionnel – pas juste l’amour humain parfois si compliqué qu’il mène aux ruptures – Pierre Rabhi estime l’amour d’ordre divin et qui ouvre l’humain à rejoindre l’énergie constructive du monde. L’humanité est faite pour exister, pas pour vivre de profits. La compétition n’est pas productive, la coopération comme la complémentarité, notamment entre les hommes et les femmes, est une force de vie. C’est donc toute notre logique qu’il nous invite à revoir, en nous connaissant mieux nous-mêmes pour devenir les acteurs contagieux du changement que nous voulons voir advenir. Même à notre petite échelle la contagion de nos transformations peut changer le sort de la planète. Pierre Rabhi ose dire tout haut que la Terre est vivante, qu’elle ne va pas bien car elle a attrapé une maladie, qui la mine et se nomme… l’humanité. Pour guérir, les autres planètes lui ont suggéré de s’en débarrasser, avec un scénario de déluge comme DiCaprio (et Jérôme Bosch) l’ont peint…

Sauf à ce que chacun d’entre nous, conscient que nous participons toutes et tous à notre propre extinction, ait un sursaut d’amour, la véritable dynamique du changement, qui permettra de réparer les relations humaines troublées en faisant un premier pas vers la réconciliation – au sein de nos couples, nos familles, nos entreprises mais aussi avec les animaux et la nature. Pour faire la paix, même si cela demande des efforts. L’espoir ne tombe pas du ciel, il se construit dans nos cœurs et à la force de l’âme. Si nous osons…

Anne-Claire Gagnon
Mid&Flandres

¹L’association a proposé à chacun de prendre ‘un ver’ pour démarrer dans l’art du compostage urbain. C’est belge et ça marche ! Bruxelles donne à chacun des habitants qui le demande une vermicompostière pour sauver ses déchets ménagers de l’incinération, en compostant à domicile. Une opération tout bénéfice pour la planète !

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