Oser prendre la parole en public

Prendre la parole en public, c’est s’exposer, se montrer. Pourquoi tremble-t-on tant à l’idée de le faire ? Pourquoi certains semblent si à l’aise dans l’exercice ? Une formatrice de prise de parole en public décrypte pour nous les blocages que nous pouvons avoir et nous révèle les petits trucs pour y arriver sereinement et… sans complexes !

Une société de l’écrit et de la chose parfaite

Notre société de la pensée cartésienne et de l’écrit, notre éducation et notre culture française ne nous ont guère appris à être à l’aise avec l’oral. Sans parler du fait que le droit à se tromper n’existe pas… Quand on prend la parole, il FAUT avoir la réponse juste, structurée et réfléchie, avec les mots qui sonnent bien, sinon on considère qu’on ne doit pas parler. On a du mal à se lancer, car il y a souvent quelqu’un pour vous dire : « Ce n’est que ça ?! » Et combien de fois a-t-on entendu : « Tourner 7 fois sa langue dans sa bouche » ou bien « Il faut parler si on a quelque chose d’intéressant à dire ». La parole n’est pas libre…

« On a tous en soi les ressources et les compétences pour arriver à bien communiquer. Elles peuvent être malmenées car on n’a jamais eu la possibilité de les rendre visibles (carcan de la scolarité, de la famille, de la société, de l’entreprise). Il n’est jamais arrivé qu’une personne rencontrée en formation ne progresse pas. » Marie Verguet

Parler bien, c’est se préparer

Certaines personnes nous semblent être de bons orateurs, mais nous ne voyons que le produit fini, on pense que c’est naturel et normal, or, bien souvent, ils sont préparés. Tout le monde peut travailler sa prise de parole. Pour certains d’entre nous, plus elle est préparée, mieux c’est. Il y a le contenu certes, mais aussi la préparation mentale (ou spirituelle). En effet, il convient de mettre du coeur dans sa parole. Bien des gens n’osent pas le faire ou oublient qu’empathie et adaptabilité envers l’autre sont fondamentales dans l’exercice. On revient (une fois encore…) à l’idée qu’il faut travailler et cultiver sa confiance en soi. Une fois que c’est fait, les gens osent, se découvrent.

Y a-t-il une différence entre hommes et femmes dans la prise de parole en public ?

« On vit dans une société où il n’est pas normal qu’un homme n’ait pas confiance en lui (les hommes ne doivent pas appréhender, ils doivent être au taquet) et où il est normal qu’une femme n’ait pas confiance en elle (les femmes ne doivent pas prendre trop de place, être dans l’écoute)… Des injonctions incessantes qu’on porte profondément inscrites en soi. Mais fondamentalement, il existe peu de différence, même si les hommes ont plus de mal à trouver leur sensibilité, tandis que les femmes doivent être moins sensibles. » Marie Verguet

Principes pour une prise de parole réussie

♦ Les questions en amont : À qui je m’adresse ? Comment vais-je le faire ? Comment vais-je créer du lien ? (le lien instauré est la qualité principale à développer) Que sont venus écouter mes interlocuteurs ? (se mettre à leur place, les profiler)
♦ L’intention : Quel mot pourrait symboliser ma prise de parole ? Qu’est-ce que j’ai envie d’être ? Y a-t-il une cohérence entre ce que je dis, la manière dont je le dis et mon apparence ?
♦ L’authenticité et la singularité : Comment s’autoriser à amener du soi dans sa parole, réapprendre à se connecter à ses fondamentaux et utiliser ceux qui nous appartiennent, se laisser faire par son intention ? Il n’y a pas d’échec, juste des prises de parole sans âme.

Et quand on dit euheuheuh ?

« Il s’agit d’un mécanisme de défense, une façon de structurer sa pensée. Pour le supprimer, il convient d’entraîner le cerveau à les remplacer par un microtemps de silence précieux qui permet de réfléchir et en outre de revenir à sa présence, de mettre plus d’intention et de s’imprégner de son auditoire. » Marie Verguet

Une prise de parole avec un contenu, même brillant, en pilotage automatique, sans prendre en compte son public et sans âme, est une prise de parole ratée. Un discours imparfait, mais juste, c’est ce qui compte. Le mot d’ordre est quoiqu’il arrive de savoir être avant de savoir faire ! Et prendre la parole peut devenir un exercice où le plaisir peut supplanter la peur.

Marie-Hélène Cossé

Marie Verguet, consultante-formatrice et coach en communication interpersonnelle et prise de parole, organise notamment des stages collectifs sur deux jours (maximum 8 personnes) autour de la confiance en soi dans la prise de parole, l’intelligence et l’agilité relationnelle. Pour plus d’information, consultez son site internet.