Slow sex, débrancher pour vibrer

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L’idée n’est pas ici de parler sexologie, mais plutôt de notre rapport à la sexualité : sommes-nous au clair avec elle ? Certaines d’entre nous sont établies dans une relation de couple au long cours, d’autres en recherche…  Se sentir mieux dans sa vie sexuelle, de façon qualitative et non quantitative, n’est-ce pas se sentir mieux tout court ? 

Se connaître soi-même. Tout part (toujours…) d’une bonne connaissance de soi-même : décontaminer notre jugement, lever interdits et tabous, culpabilité et pudibonderie dont les racines remontent bien loin dans notre éducation et mettre des mots sur ce qui ne va pas. Accueillir nos résistances avec bienveillance, arrêter de composer, profiter de l’expérience acquise (ne sommes-nous pas arrivées à un âge où nous sommes en pleine conscience de nos capacités ?) et ne pas se sentir diminuée pour trouver des solutions.

Débrancher la tête. Comment ressentir son désir alors que bien souvent c’est notre tête qui agit et pas notre corps ? Il faut réunir les deux, remettre en cause sa propre vitalité personnelle afin de se reconnecter à son corps et réaliser à quel point notre tête prend de la place, trop de place (être plutôt que faire) ! On ne peut pas penser et ressentir. Des bonnes nouvelles : le désir est contaminant et fait envie, dans un couple au long cours la possibilité de se reconnecter à l’autre rapidement existe toujours grâce à la base d’amour et d’intimité construite dans le temps. Bien souvent on ne sait pas comment faire, trouver la manière pour renouer, oser (encore lui…), nous sommes débordées. Attention car les reproches tuent le désir… et ne plus faire l’amour éteint notre énergie à la surface.

Ressentir. Une fois que la motivation est là de se reconnecter à la partie vitale enfouie en soi (le désir), d’oser être avec soi-même et présent à ce qu’on ressent, on va pouvoir ressentir ce qui manque en faisant un balayage corporel qui permet d’apprendre à reconnaître les sensations du désir et les partager.

Mendiant ou empereur. Bien souvent nous sommes des mendiants dans l’acte d’amour (le devoir conjugal n’en est-il pas une manifestation ?…). Nous nous contentons de peu, car nous avons une mauvaise estime de nous-mêmes (toujours celle-là…). Et pourquoi ne pas passer à la vision de l’empereur : je ne viens pas comme un pauvre réclamer mon dû ou une part perdue, je viens partager l’abondance !

Slow sex. Laurence Bibas*, enseignante de pleine conscience, conférencière et auteur du Manuel de Mindfulness (Eyrolles, 2012), propose de pratiquer tout ce qui précède en adoptant une sexualité plus consciente et plus orgasmique. Formée aux États-Unis sur ce concept encore peu connu en France de slow sex, elle nous en cite les quatre principes :

  • L’attention: être d’abord présent et attentif à soi et à l’autre, développer une capacité à se connecter au présent et à ce que je ressens.
  • La connexion: se sentir connecté à l’autre par son corps et notamment en chassant ses pensées (si mon partenaire caresse ma cuisse et que je pense à ce que je dois faire demain…). On parle donc ici du corps et de l’autre.
  • La simplicité: apprécier ce qui ce passe, tout ce qu’on y met, être ici et maintenant (se débarrasser des mises en scène bougies, lingeries, etc.), sortir du résultat et du jugement. Il s’agit là d’un retour à l’essentiel.
  • Le désir: comment allumer la lumière à l’intérieur de soi, sentir, exprimer, faire grandir le désir, le laisser monter. Le désir est ici à opposer à la jouissance qui ne dure que quelques secondes et qui n’est pas un objectif en soi mais un ressenti. Sortir de la notion de résultat qui induit le jugement.

« Il s’agit donc pour l’homme de sortir du stress du résultat, de rechercher plutôt des sensations (travail plus subtil) et d’apprendre qu’on peut être intimement connecté à l’autre sans érection ni jouissance obligatoires. Pour la femme, il s’agit de se libérer de ses pensées et de se reconnecter à soi-même ». Laurence Bibas

Alors slow sex pour tout le monde ? Le mot induit le préjugé qu’on va seulement ralentir, alors qu’il s’agit d’aller moins vite pour amener de la conscience dans l’amour, déposer ses pensées ou ses désirs de résultat pour aller plus profondément en contact avec l’autre et avec soi-même. Il ne s’agit donc pas d’un mode ralenti, mais juste d’un mode plus vibrant !

Marie-Hélène Cossé

*Formée et certifiée  à la Mindfulness par le Center for Mindfulness (USA), Laurence Bibas enseigne un programme de réduction du stress par la pleine conscience depuis 2008 puis complète sa formation en 2014 pour devenir coach en méditation orgasmique. Elle propose depuis cette année des programmes de formation soit en semaine, soit en intensif pendant un week-end, soit seul, soit à deux, pour les couples en retard ou en difficulté de désir. Des exercices de pleine conscience et d’énergie sont proposés basés sur des exercices de yoga : respiration, mouvements du bassin pour ressentir l’énergie et la faire monter, car elle est toujours là et elle demande à être apprivoisée. Apprendre à être plus conscients du moment présent, prendre conscience de notre potentiel plutôt que de nos limites pour nous définir, libérer nos énergies, notamment sexuelles, en les laissant s’épanouir et en les accompagnant, visualiser le principe masculin-fémnin en union. 

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