Écouter son coeur

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Arrêtons de penser que seuls les hommes doivent craindre les maladies cardiovasculaires : non seulement les femmes sont autant touchées, mais nous en mourrons plus qu’eux (le risque de décès serait 1,7 fois plus élevé que chez les hommes). En effet, ces maladies sont la première cause de mortalité chez la femme (une sur trois), quelle que soit notre condition sociale et notre âge (les plus jeunes en sont de plus en plus victimes) et nous tuent plus que toutes les formes de cancer combinées. Sous-dépistées, nous sommes donc sous-traitées (la recherche aujourd’hui reste à plus de 70% tournée vers les maladies cardiovasculaires masculines). Que faut-il savoir et faire ?

Les femmes se soignent trop tard

Au cours de ces dix dernières années, la survie après une crise cardiaque s’est nettement améliorée grâce aux procédures. Mais des études ont démontré que les femmes souffrant de douleurs thoraciques attendent trop longtemps avant de se rendre aux urgences. Or, les procédures sont efficaces à 50 % si elles sont mises en route au cours des six premières heures suivant la crise cardiaque et leur efficacité chute à 20 % si elles sont initiées 6 heures plus tard. Si les taux de complications sont plus élevés pour les femmes que pour les hommes, ce n’est pas dû au fait qu’elles soient plus âgées au moment de l’intervention, mais au fait qu’elles étaient plus gravement malades que les hommes au moment de leur prise en charge…

Les problèmes sont plus difficiles à dépister chez les femmes, donc à soigner. Par exemple, si les épreuves d’effort sur tapis roulant comme outil de dépistage sont globalement discriminantes chez les hommes, elles le sont moins chez les femmes (il semblerait que ce soit lié aux œstrogènes). Comment surveiller et soigner son cœur ? Être bien informée, savoir interpréter les signes avant-coureurs et savoir évaluer soi-même ses risques cardiovasculaires pour consulter s’il le faut.

Les signaux d’alerte

Attention la douleur thoracique, symptôme principal qui nécessite un avis médical en urgence, peut être absente chez la femme (notamment diabétique) et les signaux d’alerte parfois localisés à d’autres endroits que chez les hommes. Les femmes les minimisent et n’envisagent pas la survenue d’une maladie cardio-vasculaire. D’autres alertes qui peuvent être associées à tort à de l’anxiété ou de l’arthrose retardent les secours d’urgence : des suées, des nausées ou vomissements, des sensations de malaise et d’oppression, des palpitations, le pouls qui s’accélère, la perte d’appétit et une grande fatigue soudaine ou bien encore la difficulté respiratoire.

Le dépistage doit être suivi par toute femme présentant des facteurs de risques (tabac en numéro 1, hérédité, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète, obésité) ou celles qui souhaitent reprendre une activité sportive après 45 ans. Attention aussi à l’hypertension artérielle au moment des grands bouleversements hormonaux féminins.
La prévention la plus efficace reste comme toujours de suivre des règles d’hygiène de vie les plus saines possibles, notamment pour les Mid&Plus que nous sommes :
– activité physique,
– non consommation de tabac (les fumeuses de plus de 35 ans doivent cesser la prise de tout contraceptif),
– faible consommation d’alcool (2 unités par jour),
– alimentation moins salée,
– maintien d’une HbA1c <7% pour les diabétiques,
– enfin, surveillance des signes de la dépression qui favorise l’apparition des risques cardio-vasculaires.

De nombreux défis restent encore à relever tant en matière de prévention (repenser nos modes de vie), que d’intervention (équiper le pays en défibrillateurs et former la population) et enfin d’information, la plus importante à réaliser restant celle à destination des femmes.

Marie-Hélène Cossé
Article relu et revu par mon ami cardiologue le Docteur JYR que je remercie ici.

La campagne « Le cœur des femmes -GO RED for WOMEN » propose de créer un déclic et une émotion parmi la population féminine afin de diminuer les facteurs de risques face aux maladies cardiovasculaires : informer, sensibiliser en termes de prévention, apprendre aux femmes à éduquer leur cœur, lever des fonds et financer la recherche. Cette campagne annuelle instaurée par AJILA* rejoint un mouvement d’ores et déjà initié depuis plus de 10 ans aux États-Unis et dans une dizaine d’autres pays dans le monde. Au fil des actions proposées, toutes les femmes sont invitées notamment à participer à une étude épidémiologique sur www.goredforwomen.fr dont les résultats seront publiés fin novembre par le Professeur Montalescot qui exerce à la Pitié-Salpêtrière.
**http://ajila.org/
http://www.fondation-recherche-cardio-vasculaire.org/

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