Caroline Vigneaux : vous en voulez ?

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Elle tourne le dos au public, parle fort, envoie tout. Sa robe d’avocate couvre des chevilles que l’on voit fines et des jambes que l’on devine jolies. Mais qui est cette fille qui récite du Badinter comme un camelot sur un marché ?

C’est elle. Elle s’appelle Caroline Vigneaux et elle fait un carton au Palais des Glaces. Ça lui change du Palais tout court qu’elle fréquenta pendant six ans quand elle était à fond, à fond, à fond, 24h sur 24, et 7 jours sur 7. « Comment ça vous chômez le dimanche ? », lui balance son boss, une femme… (pire qu’un homme dans ces milieux-là). Très vite, elle lâche la robe et remonte le temps.

« Big Up à tous les Cathos »
Ses racines vosgiennes, sa mère bourgeoise catholique, un brin hystérique, qui, comme ses congénères, ne « lâche rien ». Tout est cru, rude, leste, libre, parfaitement brillant. Le rire vient crescendo. Le rythme s’accélère. Plus elle envoie et plus on en demande. Car c’est intelligent. Ce qui sauve les humoristes féminines, c’est… on ne sait pas. Le travail, le plaisir, l’abandon ? Comme pour tout, on leur en demande plus. Et elle y répond. Elle se tord, elle est grossière, elle est moche, et pourtant si jolie. Blonde, longiligne, parfaite pour une soirée de rallye. Mais elle prend l’espace et s’éclate. On y va avec elle. Ses personnages sont justes. Elle ne les épargne pas.

Le « potacon » de Roméo
Tout y passe gentiment mais sûrement : les « ieuvs » (les vieux), la conseillère Pôle Emploi et le régime des intermittents, Roméo (son premier client d’« avocat commis d’office ») qui devient son amant. Bobo parfait avec son « potacon » (potager de balcon) et sa culture de « basilic hollandais » cultivé à l’afghane. Elle improvise parfaitement (on apprend ce jour-là en plein spectacle le résultat du match PSG-Rennes), ce qui plaît aux hommes. Maligne la Vosgienne. Que l’on sent parfaitement Parisienne. Complice de son régisseur François, on pourrait dire que le show devient « interactif » si ce n’était pas si moche comme mot. Bref, derrière le bon, le vrai rire, on sent beaucoup, beaucoup de travail et de plaisir. Et pour le public c’est surtout une bonne cure de détox contre la morosité. Ouf ! Enfin, on a tout oublié !

Astrid Renoult

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