Impressions de libraire

0

La professionnelle a eu peur quant à l’avenir de sa librairie, la lectrice elle s’est réjouie d’avoir enfin le temps de lire tranquillement. Comment Valérie Michel-Villaz a-t-elle vécu l’annonce du confinement, a œuvré pendant et s’est préparée pour l’après ? Impressions d’une libraire en feuilletant les pages de ces semaines extra-ordinaires.

Lire ou survivre !

En tant que responsable de librairies, Valérie n’a pas le temps de lire au travail. Alors ces journées passées un livre à la main, ont été vécues avec plaisir : « J’aurais pu ne pas me déconfiner et continuer ainsi sauf qu’il le fallait pour que la librairie survive. Quand nous avons vu que cette situation durait, on a décidé de réagir et comme on n’a pas beaucoup vu la couleur des aides promises, on s’est décidé à mettre en place un système de pick-up. Un peu comme une pizzeria avec des produits à emporter… On prenait des commandes par téléphone ou par mail et on préparait des petits sacs que les clients venaient chercher à heure fixe. » Gros succès car cette offre répondait à un vrai besoin. Le téléphone a sonné non-stop et les libraires ont essayé de satisfaire les clients qui n’avaient pas fait leur provision de livres. Ligne occupée en permanence, le mail a fonctionné pour passer commande. Difficile dans ces conditions de conseiller de nouvelles sorties.

« Ce n’était pas le même métier, nous étions devenus des préparateurs de commandes, et notre seule hâte, c’était d’ouvrir la porte pour que nos clients entrent comme à l’habitude pour choisir et parler avec nous. »

La donne a changé

Salon du Livre supprimé, sorties de nouveautés retardées, prix non attribués ou Goncourt décerné en avance pour relancer les ventes, rien n’est plus comme avant. « Aujourd’hui, on conseille des ouvrages sur lesquels on s’était déjà penché avant mars. Pour garder le lien avec nos lecteurs, on avait mis en place une opération intitulée « On confine, on bouquine ». Chacun d’entre nous cinq conseillait chaque jour un livre à lire. Maintenant les gens viennent chercher ce qu’ils ont vu passer dans ces échanges journaliers. » Le rapport libraire-lecteur est un plus face aux succursales de marques ou aux ventes en ligne de grands opérateurs. Fin mai, les livraisons devraient arriver et le vrai travail de conseil reprendra.

Coups de cœur de libraire

« Le champ » de Robert Seethaler¹ où, depuis un cimetière, des gens racontent des petits bouts de leur vies et « Les recettes de la vie » de Jacky Durand², la transmission père-fils d’un cuisinier, une relation gaie et émouvante.

Pour Valérie, la légèreté prime chez les lecteurs mais son rôle est aussi de conseiller ce qu’elle a aimé lire.  « Je ne dirai pas comme mon fils de 18 ans que 2020 est atroce et tout pourri, mais que c’est un moment fort et difficile qu’on n’oubliera pas. Reste à franchir le cap, ce sera surtout cet été que nous saurons à quelle sauce nous serons mangés ! ».

Vicky Sommet

¹Robert Seethaler aux éditions Sabine Wespieser.
²Jacky Durand aux éditions Stock, sorti en Poche.

Librairies : Les Arpenteurs, 9 rue Choron, 75009 Paris et L’ouvre-boîte, 20 rue des Petites Écuries, 75010 Paris.

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.