C’est un dimanche matin où vous vous réveillez avec une folle envie de vous faire plaisir. Mais comment ? Direction les expositions d’art avec une offre tellement large que vous vous dites « Par quoi vais-je commencer ? ». Je choisis alors de visiter trois collections privées exposées à Paris pour attiser mon plaisir de découvrir des œuvres inconnues.
Une collection au masculin. C’est à un Américain cette fois que l’on doit cette nouvelle exposition installée au Louvre, celle réunie par Tom Kaplan, tombé dans la marmite de l’art au début des années 2000. Admirateur de Rembrandt sans espoir d’en posséder jamais, il décide un jour de se lancer activement dans une frénésie d’achats d’œuvres de l’École hollandaise jusqu’à posséder une collection de 250 tableaux et dessins de l’École des Pays-Bas. Il les partage très vite avec le public amateur en ne les accrochant pas sur les murs de son appartement mais dans une galerie à Manhattan sous le nom évocateur de Leiden Collection, Leyde étant la ville natale de Rembrandt. Se considérant comme un « passeur », il prête, voire donne, ses achats tout au long de l’année puisqu’après Paris, sa collection partira pour Pékin et Abu Dhabi. (Lievens (1606-1674), Garçon à la cape et au turban (Portrait du Prince Rupert du Palatinat) , vers 1631, Huile sur panneau, 66,7 x 51,7cm © New York, The Leiden Gallery).
Musée du Louvre- Collection Leiden jusqu’22 mai 2017
L’art en héritage. Marchand d’art français, Paul Rosenberg a transmis non seulement son goût pour la peinture mais aussi les œuvres qu’il a collectionnées, à sa petite-fille Anne Sinclair. Picasso, Matisse, Braque entre autres, sont les témoins des goûts éclectiques et avisés de cet amateur du début du XXe siècle. Curieux de l’émergence de l’Art moderne et précurseur pour que ces artistes soient exposés malgré la seconde guerre mondiale qui fait rage, Paul Rosenberg les exportera d’Europe vers les États-Unis pour donner à ces artistes la visibilité qu’ils méritent. Sa collection, regroupée et installée aujourd’hui au Musée Maillol, est un juste retour de l’Histoire puisqu’il entretenait avec Aristide Maillol des relations privilégiées et défendait son travail en présentant ses créations dans sa galerie américaine. (Marie Laurencin (1883-1956), Anne Sinclair à l’âge de quatre ans, 1952, Huile sur toile, 27 x 22 cm, Collection particulière.© Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2016)
Musée Maillol – 21 rue de la Boétie –jusqu’au 23 juillet 2017 et le livre d’Anne Sinclair (Grasset et Fasquelle)
La création arabe. Constituée dès 2010, la collection de Sultan Al Qassemi réunit les grands noms de l’art moderne et contemporain arabe. Gérée par la Fondation Barjeel, une fondation privée à Sharjah aux Émirats Arabes Unis, elle est présentée pour la première fois en France à l’Institut du Monde Arabe. À travers une sélection de 90 chefs-d’œuvre, elle retrace l’histoire de la création arabe depuis la seconde moitié du XXe siècle : installations, photos et peintures, figuration et abstraction, les artistes ont exploré tous les champs d’expression. Une première salle réunit des artistes phares de la collection au sein d’une scénographie muséale classique. Puis on pénètre dans un espace évoquant les réserves d’un musée où sont présentées d’autres pièces qui apparaissent comme autant d’objets d’études offerts à la consultation scientifique. Dans un rapprochement intime, le visiteur peut appréhender chaque détail et toute la matérialité picturale du tableau. Un procédé original qui traduit la démarche du collectionneur, basée sur l’expérimentation et la connaissance. (Seif Wanly-©Courtesy Barjeel Art Foundation)
Institut du Monde Arabe – Collection Barjeel jusqu’au 2 juillet 2017.