C’est la fin des grandes expos, les nouvelles n’arrivent qu’au printemps et pourtant il en reste à l’affiche, moins connues, toutes aussi intéressantes. Ces trois-là programmées jusqu’en février valent le détour si vous ne les avez pas encore vues !
♦Picasso 1932. Année érotique
Musée National Picasso-Paris jusqu’au 11 février 2018
La chronologie, rien que la chronologie ! Il s’agit de la première exposition dédiée à une année de création entière chez Picasso, une année de chefs-d’œuvre, tel Le Rêve (huile sur toile, collection particulière), une année riche d’événements privés et professionnels, marquée par la parution du premier volume du Catalogue raisonné de l’œuvre de Pablo Picasso, publié par Christian Zervos. 1932, c’est la consécration avec deux expositions l’une à la galerie Georges Petit, au mois de juin, événement mondain de l’année, l’autre à la Kunsthaus de Zurich.
Marie-Thérèse Walter devient l’héroïne de toute une série d’œuvres : installée dans un fauteuil, tête plus ou moins renversée, cheveux tombant, formes opulentes plus ou moins stylisées, ou allongée nue avec près d’elle son buste en plâtre et /ou un philodendron qui rappelle ses propres courbes. Elle apparaît aussi dans la série des baigneuses, portraits et compositions colorées… En parallèle de ces œuvres sensuelles et érotiques, l’artiste revient au thème de la Crucifixion. Picasso disait « l’œuvre que l’on fait est une façon de tenir son journal », ce qui sous-entend l’idée d’une coïncidence entre vie et création….
♦Dada Africa, sources et influences extra-occidentales
Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018
Dada remet en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques. Dada est contre tout… Né à Zurich, au cœur de la tourmente en 1916, Dada exprime le rejet des valeurs traditionnelles qui ont conduit à la tragédie de la Première Guerre Mondiale. C’est ainsi que de jeunes artistes, tels que Hugo Ball, Marcel Duchamp, Tristan Tzara, Francis Picabia, Man Ray, Max Ernst, Marcel Janco et bien d’autres, épris de liberté, de légèreté et dotés d’un immense sens de l’humour et du langage, vont proposer d’autres possibilités artistiques. Ils sont à l’origine de l’art contemporain.
Dans ce contexte, des artistes d’avant-garde vont s’approprier des types de productions artistiques radicalement autres et se pencher sur les arts non européens. L’exposition fait se confronter des oeuvres extra-occidentales à la fois africaines, mais aussi amérindiennes ou encore asiatiques aux productions dadaïstes et permet de comprendre les processus d’échanges et d’appropriation par ces artistes. Les peintures, sculptures, photo collages, photographies dada sont mêlés aux sculptures extra-occidentales dans des jeux de résonances et dans une scénographie ouverte et déambulatoire…
♦Degas Danse Dessin. Hommage à Degas avec Paul Valéry
Musée d’Orsay jusqu’au 25 février 2018
En 1937, Paul Valéry publiait un ouvrage très particulier, une sorte de vade-mecum sur l’œuvre de Degas dont il fut un très proche ami. En hommage à Edgar Degas, mort en 1917 (seul et dans une quasi-misère), le Musée d’Orsay a mis en scène une exposition à partir du texte de Paul Valéry. Ainsi textes et dessins sont mis en face à face, se répondant dans un dialogue très riche.
Peintre des danseuses en tutu, sculpteur des jeunes ballerines, dessinateur des exercices à la barre, rendant le mouvement et l’effort, Degas est un artiste merveilleux, un dessinateur hors pair et le musée d’Orsay nous réjouit en accrochant à ses cimaises des œuvres si rarement montrées… un bonheur, une plongée dans un univers virtuose…
Béatrice Leroux-Huitema
Les Mardis de l’Art
Mid&Art