Christine de Pizan, poétesse médiévale

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Philosophe et poétesse née à Venise, Christine de Pizan est considérée comme la première femme de lettres de langue française ayant vécu de sa plume. Son érudition la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes, car veuve et démunie, elle gagna sa vie en écrivant.

Une pionnière

Les cours aiment les jeux poétiques de la littérature courtoise qui chantent les amours au destin malheureux mais préfèrent les chansons d’amours comblées. C’est ainsi que Christine de Pizan devint écrivaine dans un monde misogyne où les écrits des femmes n’étaient pas reconnus car, à la mort de son mari, elle décide de ne pas se remarier et choisit le métier d’homme de lettres « De femelle devins masle ». Elle fut également une grande épistolière, rédigea des lettres privées et publiques et participa à des actions directes, dans des débats, destinées à une large diffusion, comme sur le « Roman de la Rose », où son intervention fut considérée comme un manifeste, sous une forme primitive, du mouvement féministe.

Féministe avant l’heure

Elle rappelait que les femmes sont mères, exercent une fonction d’apprentissage scolaire, mais aussi d’enseignement religieux et moral, et inculquent les règles de la vie en commun au sein de la famille, pour donner le goût de la paix et de la concorde qu’elles peuvent ensuite répandre dans la société. Elle écrivit des traités approfondissant une réflexion à la fois sociale, politique et morale, et des ouvrages à la limite des domaines réservés aux hommes : le militaire avec « Le Livre des faits d’armes et de chevalerie » ou le religieux. Cependant, elle dit que beaucoup d’hommes ont trouvé qu’elle dépassait les bornes et elle ne fait pas l’unanimité parmi les universitaires, effarouchés de voir une femme rivaliser avec eux sur le terrain du savoir et de la philosophie.

« Bonne fille, bonne épouse, bonne mère, au reste un des plus authentiques bas-bleus qu’il y ait eu dans notre littérature, la première de cette insupportable lignée de femmes auteurs. »

Oubliée mais reconnue

Il faudra attendre la réhabilitation des femmes dans la littérature pour que Christine de Pizan trouve sa place dans le milieu littéraire des années 1980. Pendant la Seconde Guerre mondiale, on utilisa sa figure au même titre que Jeanne est évoquée dans les rangs de la Résistance par Aragon ou Supervielle car elles font l’unanimité pour  leur patriotisme. Par la suite, Simone de Beauvoir, dans Le Deuxième Sexe, relève son implication dans la querelle pour le Roman de la rose « Pour la première fois, on voit une femme prendre la plume pour défendre son sexe ». Annie Sugier, du Mouvement de libération des femmes (MLF), prit comme pseudonyme « Annie de Pisan ». Enfin, elle fut valorisée sur les réseaux sociaux américains comme Instagram avec le hashtag #depizan qui renvoie à son nom, avec des ongles peints à son effigie en Écosse, des tatouages la montrant en Australie, son nom gravé sur des tee-shirts ou des musiques dansantes à Berlin.

C’est une femme qui a laissé sa marque pour la postérité par l’image avec une présence parmi les 39 convives de l’oeuvre d’art contemporain de Judy Chicago « The Dinner party » de 1979 et par son nom attribué à une rose, à de nombreuses rues comme la rue Christine-de-Pisan dans le 17ème arrondissement à Paris ou à des collèges comme à Perthes en Seine-et-Marne et à Aulnay-sous-Bois.

Vicky Sommet

LIRE Christine de Pizan de Françoise Autrand (Fayard, 2009), Prix Historia de la biographie historique 2010. Et de Christine de Pizan : « La Cité des Dames » (1405), « Le livre des trois vertus à l’enseignement de dames » (1405) et « Epistre au Dieu d’amours » (1399).

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