Elisabeth Carre, l’interprète des fragrances

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Le nez compose des parfums. Celui qui connaît tous les ingrédients, qui travaille à ses côtés, sait déchiffrer son langage spécifique et l’expliquer aux directeurs artistiques des marques, c’est l’évaluateur, le métier qu’exerce Elizabeth Carre aujourd’hui.

Aptitude ou disposition

Après des études de pharmacie, Elizabeth choisit de faire son stage dans l’industrie de la parfumerie car les matières premières, les arbres ou les plantes qui donnent des odeurs, l’intéressaient. Après un passage chez Roger et Gallet au contrôle qualité, elle s’entend dire qu’« elle sait sentir ! ». « Savoir sentir, c’est avoir une bonne mémoire olfactive. Un nez exercé peut différencier vingt-cinq nuances de rose là où un autre dira seulement ça sent la rose ! ».  Ce travail de mémoire consiste à sentir, ressentir, comparer, avec beaucoup de notes qu’on sent sur la peau, dans l’air ou sur des petits papiers blancs, savoir les suivre au fur et à mesure de leur évaporation et reconnaître les mélanges qui aboutissent au produit fini.

Un talent et un don

« Pendant mon apprentissage, j’ai parlé à maman d’un parfum que j’avais apprécié, un parfum quelle ne connaissait certainement pas, un vieux truc que plus personne ne portait et qui s’appelait Jolie Madame de Balmain.  Elle me répond alors que c’est le parfum qu’elle portait quand elle était enceinte de moi ! Il y a des choses qui se confirment in utero et cela compose mon premier patrimoine mémoriel des odeurs ». Embauchée chez l’Oréal juste en disant « Je ne sais rien faire mais j’ai envie de sentir » était un pari risqué, Elizabeth travaillera dans la division parfums de luxe, parfums alcooliques. Avec une idée originale pour l’époque, occuper un poste pour communiquer entre les laboratoires, les usines, les équipes de marketing et les parfumeurs-compositeurs.

Les parfums sont partout

Dans les essences, les produits corporels, produits d’entretien ou pour les cheveux mais la parfumerie fine est le bâton de maréchal. Chose moins connue, parmi les nez, on trouve beaucoup de femmes : Sophia Grojsman, Daniela Andrier, Julie Massé, Sophie Labbé, Anne Flipo ou Christine Nagel qui est nez chez Hermès. Le parfum n’est qu’un des éléments de communication d’une marque avec le logo, l’image publicitaire ou le flacon. Culturellement aussi il y a des différences, le parfum de luxe américain a peiné à exister et c’est grâce à Helena Rubinstein ou à Estée Lauder qui a d’abord créé une huile de bains pour la propreté, que les parfums made in USA ont vu le jour. Comme la parfumerie chinoise qui a existé bien avant la Révolution avec des eaux florales.

À ma question « Que mettez-vous comme parfum ? » Elizabeth m’a répondu « Tout ce que je travaille. Je porte des produits par devoir et aussi des coups de foudre et rarement deux jours de suite le même. Je ne suis donc jamais reconnaissable, mais cela me convient tout à fait. Et le prochain sera peut-être encore meilleur ! ».

 Vicky Sommet

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