Hannelore Cayre, le droit à l’imagination

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Un jour d’été, en vacances en Bretagne, Hannelore Cayre se met à écrire. « En trois mois, assise sur la plage, j’ai rédigé le pitch d’une histoire qui tenait en une ligne, celle d’un avocat qui enfreint la loi et qui devient un criminel potentiel. » La carte de visite d’Hannelore s’étoffe alors, à côté d’avocate, elle inscrit pénaliste, ajoute écrivaine, avant de compléter par réalisatrice !
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 Sa vie d’avant

Avant cela, Maître Cayre a suivi une voie plus classique, études de droit spécialisées en propriété littéraire et artistique… ceux qui protègent les œuvres de l’esprit, qu’elles soient écrites, musicales, plastiques ou graphiques et qui s’attachent au respect des droits d’auteur et poursuit les plagiats. Revêtue de la toge d’avocate, elle a travaillé à la télévision, puis dans un cabinet où elle rencontre un jeune confrère qui exerce son métier, mais dans un tout autre domaine du droit. Elle épousera l’homme et sa spécialité et plonge dans un monde interlope, là où les passions humaines n’ont pas de limites, la violence pas de frontières et la cruauté pas de pitié. Et pour être à niveau, elle entame une nouvelle formation. « Je n’avais pas lu une ligne de droit pénal, je me suis donc replongée dans mon Dalloz et j’ai rédigé des fiches comme une lycéenne pour apprendre mon nouveau métier. » Et là s’offre à ses yeux la vie si particulière des marginaux, des bannis de la société, des laissés-pour-compte, des « méchants » que la loi punit.

Impossible n’est pas dans son vocabulaire

Son premier manuscrit devient un livre, un polar humoristique et un long métrage où elle est à la fois adaptatrice, réalisatrice et comédienne. Après trois années passées à boucler le tour de table financier, Commis d’office est sorti sur grand écran, à la télévision et en DVD. « J’ai aimé l’aventure humaine que représente le cinéma, même si tout est faux, le plaisir de travailler en équipe, d’apprécier cette cohésion de personnes unies dans un même objectif, faire un film. » Elle a continué son chemin d’écriture avec La Daronne, polar humoristique encore, Grand Prix de la littérature policière et Prix Le Point du Polar européen, qui se déroule dans le monde des dealers, roman qu’elle adaptera pour en faire un scénario de film interprété par Isabelle Huppert. Puis, il y aura un polar historique, Richesse oblige, avec les appelés à l’armée qui se font remplacer, moyennant finances, et cette année, sorti pour le Quai des polars à Lyon et le Festival du Livre de Paris, Les doigts coupés, un roman noir qui parle des femmes à l’époque de la Préhistoire.

Où fiction et réalité se confondent

Sorti du prétoire, du tribunal ou de la prison, les histoires humaines qui y sont racontées, analysées et jugées, peuvent donner naissance à des fictions, des romans qui reflètent une réalité historique mais racontées avec le langage d’aujourd’hui et, pour elle, avec une patte féminine sans aucun doute. Hannelore Cayre fait un travail sérieux avent de se mettre à l’écriture proprement dite, d’abord collecter un maximum d’ informations qui ont trait au sujet à développer, des heures passées à la bibliothèque, à consulter des livres pour être informée le plus possible et le plus exactement possible. Les spécialistes du droit sont toujours très attachées à la vérité dans leurs plaidoiries comme dans leurs écrits.

D’avocate à romancière, si le propos reste noir, l’humour a réussi à se glisser dans les failles de ces humains qui enfreignent la loi, chacun à leur manière, et pour l’auteure, un champ des possibles où le sourire s’installe la plupart du temps et c’est là le rôle de la fiction, pouvoir l’emporter sur la réalité.

Vicky Sommet
Article mis à jour en avril 2024

Les doigts coupés, éditions Anne-Marie Métaillé (2024)
La Daronne éditions Anne-Marie Métaillé (2017) et film La Daronne (2020) à regarder sur les plateformes

Commis d’office éditions Anne-Marie Métailié (2004) et en DVD

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