Un jour d’été, en vacances en Bretagne, Hannelore Cayre se met à écrire : « En trois mois, assise sur la plage, entourée de mes deux enfants qui jouent dans le sable, j’ai rédigé le pitch d’une histoire qui tenait en une ligne, celle d’un avocat qui enfreint la loi et qui devient un criminel potentiel ! » La carte de visite d’Hannelore s’étoffe alors, à côté d’avocat elle inscrit pénaliste, ajoute écrivain avant de compléter par réalisatrice. Car le manuscrit de Commis d’office¹ devient un livre, un polar humoristique, et sera suivi d’un second puis d’un troisième, une vraie trilogie du crime. click here to read this article in English*
« Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? » Sa décision est prise, elle décide d’adapter sa première histoire pour en faire le scénario d’un film. Elle s’était déjà fait la main avec des courts-métrages. Mais passer du court au long, c’est une autre aventure ! Trouver de l’argent, des sponsors, des subventions, démarcher des producteurs, des distributeurs, engager des comédiens, une équipe, trouver du matériel à bas prix pour tourner, des décors gratuits et surtout, pour que le film tienne la route, obtenir l’autorisation du Palais de Justice pour tourner dans la salle du tribunal où sont jugées les affaires défendues par les avocats commis d’office et où les prévenus sont installés derrière les barreaux de ce qui ressemble à une cellule de prison.
Impossible n’étant pas dans son vocabulaire, Hannelore Cayre a surmonté toutes ces difficultés ; après trois ans pour boucler son tour de table financier, réalisé le film, il est enfin sorti sur le grand écran, à la télévision et en DVD : « J’ai aimé l’aventure humaine que représente le cinéma, même si tout est faux, le plaisir de travailler en équipe, d’apprécier cette cohésion de personnes unies dans un même objectif, faire un film ».
Sa vie d’avant ? Mais avant cela, Maître Cayre a suivi une voie plus classique : études de droit spécialisées en propriété littéraire et artistique … vous savez ceux qui protègent les œuvres de l’esprit, qu’elles soient écrites, musicales, plastiques ou graphiques et qui s’attachent au respect des droits d’auteur ou aux plagiats. Revêtue de la toge d’avocat, elle a travaillé à la télévision puis dans un cabinet où elle rencontre un jeune confrère qui exerce son métier mais dans un tout autre domaine du droit. Elle épousera l’homme et sa spécialité et plonge dans un monde interlope, là où les passions humaines n’ont pas de limites, la violence pas de frontières et la cruauté pas de pitié. Et pour être à niveau, Hannelore Cayre se lance dans une nouvelle formation : « Je n’avais pas lu une ligne de droit pénal, je me suis donc replongée dans mon Dalloz et j’ai rédigé des fiches comme une lycéenne pour apprendre mon nouveau métier ». Et là s’offre à ses yeux la vie si particulière des marginaux, des bannis de la société, des laissés-pour-compte, des « méchants » que la loi punit.
Hannelore Cayre se dit angoissée par l’avenir, indécise sur le prochain projet à imaginer, alors elle écrit un roman et un essai, a proposé un nouveau scénario et se dit que même si les années avancent, il faudra encore compter avec elle. Ah ! J’oubliais de dire qu’elle joue un petit rôle dans le film, peut-être une autre carrière à imaginer ?
Vicky Sommet
¹Commis d’office, Éditions Anne-Marie Métailié et en DVD.
*Article translated by Artemis Sfendourakis for My French Life.