Trois femmes pour lesquelles défendre, c’est agir     

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Défendre, c’est s’engager au nom d’un idéal, d’une conviction ou d’un respect d’autrui, pour que chacun trouve sa place dans la société et puisse se considérer libre et égal en droits. Trois femmes ont choisi cette voie pour exercer leur métier, à l’écoute et en solidarité avec celles et ceux qui sont en demande.

Claire Hédon, Défenseure des Droits et des Libertés

Engagée en faveur des plus démunis, les malades de Sœur Teresa, les pauvres d’ATD Quart Monde ou parler santé dans le monde en radio, Claire Hédon s’est donnée pour mission de donner la parole aux voix silencieuses. « Déjà toute jeune, je me suis intéressée au monde de l’humanitaire avec, en ligne de mire, la justice pour tous. » Avec ce poste confié par le Président de la République, elle défend les droits de tous les Français victimes de discrimination, femmes, handicapés, seniors ou victimes de leurs origines. À elle d’aider ces demandeurs à rétablir leurs droits pour trouver leur juste place, avec les droits des enfants, la déontologie de la sécurité et la médiation dans les services publics. « Nous sommes très sollicités, plus de 100 000 saisies par an, pour 120 délégués territoriaux. » Chacun peut saisir cette autorité gratuitement sur Internet, par téléphone ou par courrier : pour recevoir le RSA, la pension de retraite, contester les amendes de circulation ou effectuer simplement des changements de carte grise. « Notre démocratie est basée sur la séparation des pouvoirs, à côté se situe la Défenseure des droits. » Plus de 70% des questions sont réglées par la médiation, d’autres devant les tribunaux.

« Trop peu de jeunes nous saisissent, trop peu de femmes, surtout celles des quartiers difficiles, à nous de leur dire que nous sommes une autorité indépendante et libre. Je veux bien être … féministe, mais les avancées sont encore trop lentes et je pense qu’on pourrait avancer plus vite. »

Janine Bonaggiunta, avocate spécialiste des violences faites aux femmes

Avocate dans le milieu des affaires, Janine Bonaggiunta a fini par ne plus être convaincue de la tâche qu’elle s’était assignée dans un monde majoritairement masculin manquant, selon elle, d’humanité. Suite à la promulgation d’une loi en 2010 sur les violences psychologiques précisant qu’elles étaient un délit, Janine commence à s’y intéresser en compagnie de psychologues et de psychiatres et décide d’orienter différemment sa carrière. Elle monte en collaboration avec une autre avocate un cabinet dédié aux femmes. Bien qu’on essaie de les en dissuader, leur choix a été couronné de succès car les problèmes juridiques succèdent la plupart du temps aux problèmes psychologiques. « Comment partir, comment divorcer, que deviennent les enfants, que devient le patrimoine, autant de questions que se posent les femmes en souffrance. Dans notre société, il y a beaucoup de violences non seulement vis-vis de l’épouse mais aussi vis-vis des enfants. Malgré le huis-clos familial, les femmes aujourd’hui osent parler. Peur, honte et culpabilité sont présentes, mais elles font la démarche de venir jusqu’à notre cabinet. » Avec l’aide d’un psy, d’une association, les femmes avancent et le fait qu’elles soient reçues par des femmes, les clientes n’hésitent plus à aborder les problèmes personnels en profondeur. La presse, la télévision s’en font aujourd’hui l’écho et incitent les femmes, prises dans un engrenage, à oser sortir de leur isolement.

« Je sais qu’elles s’en sont sorties quand le jugement est rendu et qu’elles se remarient ou trouvent un emploi qui les rend heureuses, soit avec de nouveaux projets de vie ! »

Sophie Maley, défendre l’enfance en danger

À l’écoute des enfants en difficulté, Sophie Maley, psychothérapeute et ethno-psychanalyste, a franchi le pas par vocation. Travailler à RFI a d’abord nourri son imaginaire par les nombreuses nationalités en présence, différentes coutumes, religions et cultures dont elle s’est imprégnée, Afrique, Asie, Moyen-Orient ou Amérique du Sud. « Les soins psychiques se font en famille ou avec la communauté alors qu’ici le patient est seul face à son thérapeute. » Le traumatisme de l’exil est à prendre en compte, surtout lors de l’adoption internationale. Ce que Sophie appelle le « confiage » où la notion d’abandon constitue un choc culturel. « En France, on a une notion codifiée de l’abandon mais il nous faut nous « décentrer », quand je reçois des parents adoptants qui souffrent de savoir que leur enfant ait été trouvé près d’une décharge, comme un déchet. Dans beaucoup de pays, il n’y a pas de poubelle et la décharge est un endroit de passage incroyable qui permettra à l’enfant d’être recueilli. C’est un énorme travail à la fois d’oubli et de reconstruction que va faire l’enfant adopté, sans gommer entièrement la mémoire d’avant, avec la volonté d’apprendre très vite sa nouvelle langue… une réaction de survie alors que l’enfant de migrant a sa famille pour nourrir sa mémoire. » Le travail se fait avec des interprètes car il est plus simple de partager ses émotions dans son langage codé depuis l’enfance. Dire les choses, une manière de s’en décharger, au psychothérapeute d’aider à les formuler, la parole circule, et elle est redonnée après avoir été analysée.

Vicky Sommet

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