Bon anniversaire Clémente, 96 bougies, grand-mère de Rachel et Théa Allary, les soeurs de la Makanerie. Couturière d’origine pied-noir, elle leur a transmis son héritage sans parole. En créant leur marque de foulards en soie haut-de-gamme, ses petites filles ont raconté l’histoire que Clémente n’arrivait pas à dire et rendent ainsi hommage à toutes les femmes de la Méditerranée.
La Makanerie¹, un atelier de fabrique à histoires
« Makan », ou lieu en arabe partout en Méditerranée, « Erie », c’est le parti pris de valorisation de l’artisanat de luxe. Rien ne prédestinait Théa, formation en biologie et Rachel, un début de carrière dans la diplomatie française après un parcours universitaire littéraire, à créer des foulards. Rien sauf leur complémentarité et leur amour « désespéré » pour la Méditerranée. Enracinées dans le sud de la France, d’origines italiennes côté maternel et pied-noir côté paternel, elles tiennent à parler de leur héritage, le conserver et valoriser cette région extraordinaire d’un point de vue culturel et environnemental. L’idée de la Makanerie est née en Égypte où Rachel a travaillé et vécu un temps.
« Mes promenades sur la Corniche d’Alexandrie étaient un déferlement de voiles, de couleurs.Tout le monde s’y mélangeait. Les corniches sont toutes les mêmes sur les bords de mer méditerranéens ! Le carré est apparu comme une page blanche sur laquelle on pouvait dessiner tout ce qu’on voulait, un manifeste culturel et identitaire. »
Des foulards mais pas que…
Chaque collection compte cinq motifs dont un qui est créé en collaboration avec un artiste du pays d’inspiration. « Notre but est de devenir une plateforme artistique et culturelle autour de la Méditerranée. Ce projet a tout de suite été porteur et a suscité une adhésion immédiate. » La première artiste à avoir participé à l’aventure de la première collection, « Bella Ciao », Federica del Proposto, italienne, est spécialisée dans les portraits historiques de femmes engagées dans l’histoire. La seconde collection, « Oran la boutique » a inspiré à la poétesse Neïla Romeyssa, de nationalité algérienne, un magnifique texte² sur les foulards, à lire absolument !
Une démarche résolument engagée et responsable
Théa a mis deux ans à trouver une soie, très rare, certifiée GOTS, c’est-à-dire Global Organic Textile Standard, sans produit chimique toxique et dont les eaux usées, issues de la fabrication, sont traitées. Elle est tissée en Italie par une entreprise familiale de Côme (histoire familiale de la Makanerie même avec ses partenaires !), meilleur façonnier de luxe pour la soie, qui assure savoir-faire, traçabilité sur les salaires et les conditions de travail. Chaque motif est imprimé en édition limitée, comme des lithographies numérotées, pas de réassort possible. La marque respecte son engagement de logique de proximité et son besoin de lenteur pour que la production soit irréprochable. La qualité avant tout ! Les foulards et étoles ne sont distribués que dans des lieux prestigieux (boutiques des musées des Arts Décoratifs, du Quai Branly) ou à l’occasion de ventes occasionnelles choisies et, évidemment, sur le site Web.
« Kan ya ma kan »… (il était une fois), une belle histoire qui commence : les projets de développement de la Makanerie ne manquent pas, en Europe et sur les marchés arabes à moyen terme. 80% de la clientèle est d’origine méditerranéenne aujourd’hui. L’idée aussi de travailler sur l’utilisation du foulard pour des femmes atteintes de cancer… Guettez la nouvelle collection qui arrive à l’automne et bon vent dans les voiles de la Makanerie !
Agnès Brunel-Averseng
¹La Makanerie
²Édito poétique de Neïla Romeyssa
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