Nam Phuong, l’impératrice oubliée

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Si son nom vous est inconnu, c’est normal. Elle, Nam Phuong (parfum du sud), née Jeanne-Marie-Thérèse Nguyễn Hữu Thị Lan en Cochinchine (protectorat français) est morte en 1963 à Chabrignac (Corrèze). Elle fut la dernière impératrice consort qui régna sur l’Empire d’Annam (aujourd’hui Viêt Nam). Une destinée hors du commun !

Une jeunesse aisée

Surnommée Mariette en famille, née dans une famille de riches propriétaires terriens grâce au mariage de son père, régisseur du Duc de Long-My, avec sa fille, elle fut envoyée à l’âge de douze ans en France pour suivre des études secondaires dans le pensionnat des chanoinesses de Notre-Dame, le couvent des Oiseaux à Neuilly où elle termina ses études. En vacances dans la station climatique de Dalat, son oncle la présente au jeune roi Bao Dai et l’annonce publique de leurs fiançailles sera suivie par la cérémonie de mariage, quatre jours de cérémonies rituelles interdites au public. Bao Dai, sincèrement épris, ne la trompera que plusieurs années après.

Altesse sinon rien

Dotée d’un fort caractère, elle exigera de porter le titre d’Altesse impériale de « Nam Phương » (Cieux du Sud). Tout comme, elle élèvera ses enfants dans le catholicisme en plus du bouddhisme. Elle les baptise contre l’avis de leur père alors que, ironie du sort, lui-même demandera le baptême en 1988, déjà très âgé. Elle lancera la mode des pantalons d’été et des tuniques brodées à l’indochinoise. Femme de devoir, Nam Phuong, se dévoua en ouvrant, avec les religieuses de la congrégation de Notre-Dame à Dalat, un couvent des Oiseaux vietnamien où elle fait éduquer ses filles contre l’autorité de sa belle-mère qui la déteste et qui n’était qu’une domestique avant de devenir la concubine de l’ancien empereur.

La vie du couple

Nam Phuong ne dépense que son argent personnel, la seule somme qu’elle demande au budget fédéral est la mise aux normes de son appartement privé au Palais de Hué qui sera décoré par la maison Leleu de Paris avec des salles de bains. Touchée par la surdité, son handicap s’aggravera avec l’âge. Bao Dai commence à la tromper et à négliger ses obligations de monarque au début des années 1940, trouvant sa femme trop rigoriste. Une nouvelle accueillie favorablement par les mandarins de la cour qui espèrent un retour à la polygamie traditionnelle. Finalement le couple se réconcilie et donne naissance à leurs deux derniers enfants pendant l’occupation japonaise. Le gouverneur Jean Decoux se verra obligé de remettre sur le devant de la scène les trois monarques d’Indochine dont Bao Dai qui reprendra ses fonctions de gouverneur.

Abolition du protectorat français, Bao Dai retrouve son titre dynastique d’Empereur et sa femme, celui d’Impératrice. Bao Dai abdiquera et la République le remplacera. Réfugiés à Cannes, elle quitte son mari pour sa propriété de Corrèze où elle s’éteindra à 52 ans d’une angine de poitrine, après avoir pris sa revanche sur son mari infidèle en s’amourachant d’un masseur français communiste !

Vicky Sommet

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