Nathalie George, du beau, du bon, du bien manger

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La vie est un festin de détails, cuisinés avec amour ! Et, à l’acte III de sa vie, Nathalie George en partage les recettes, avec une délicieuse « Cuisine du 6ème étage ».

Les petits plats de l’enfance

« Le détachement m’a sauvé la vie » dit-elle en admirant les légumes joliment présentés dans son assiette. Et il lui en a fallu pour surmonter les épreuves que la vie lui a apportées, avec des pépites dont elle a fait son miel. Elle se rêvait comédienne, pianiste, danseuse, née artiste sans le savoir, d’un père architecte et peintre et d’une mère qu’elle appellera toute sa vie par son prénom, tant Françoise n’avait radicalement pas la fibre maternelle. Après l’avoir laissée à 18 mois à Gigi, sa belle-mère, pour créer son atelier de couture et devenir la styliste de Marie-Martine, la première marque de prêt-à-porter de luxe, elle la reprend, comme un animal de cirque mis en pension, à l’âge de 8 ans. Et la confie l’été à des amis italiens, à Portofino. « L’Italie a été une révélation, le Rome-Express qui à 19H50 m’emportait de la gare de Lyon, avec ses bois d’acajou, était la promesse du bonheur ». L’espace court et intense de quelques semaines l’été, avant de retrouver la pension à Mortefontaine, où elle découvre que l’on peut mal manger, elle qui fut élevée de 18 mois à 8 ans par sa grand-mère paternelle, « qui cuisinait à merveille, et chez qui tout, même le moindre reste de table, était un délice. »

La création au bout des doigts

Nathalie alterne les hauts et les bas scolaires, selon son environnement, et après une boulimie de cours de japonais, d’allemand et de droit, entre comme ramasse-miettes chez… Dior. « Il n’y a pas de sot métier, on apprend de tout et partout. J’ai été emballeuse, caissière, etc. A 18 ans, habitant seule en face de ma grand-mère paternelle, j’ai cuisiné avec elle et ai pu recevoir mes amis, avec l’élégance qu’elle m’avait apprise : nappes brodées, couverts en argent et surtout une cuisine sincère et authentique, capable de poser la casserole sur la table, quand elle était seule avec Nathalie, sans s’encombrer des conventions inutiles. » Sa rencontre avec Primrose Bordier lui ouvre les portes de Christofle, qui l’embauche. En 1982 il lui laisse carte blanche pour dessiner ce qui sera sa première collection. « Je me souviens d’avoir contemplé, ahurie, la collection qui venait de sortir des ateliers italiens… »

En 1985, l’amour de sa vie la convainc de devenir indépendante et elle travaillera avec passion pendant 10 ans pour la Réunion des Musées Nationaux, décrochera le concours pour Air France, avec la création du matériel de restauration à bord pour l’ensemble des vols.

La résilience en cuisine

Artiste dans l’âme, cigale italienne, elle n’a jamais aimé les comptes, qui le lui ont bien rendu, le fisc lui infligeant une punition au-delà du raisonnable. Dans la vie il y a de fichus quarts d’heure, qui parfois durent…Et quand les finances s’effondrent, il reste les escaliers de service à monter à pied jusqu’au 6e étage, où depuis plusieurs années, elle n’a rien perdu de son caractère ni de sa vivacité, en redécouvrant la cuisine simple, authentique, partagée avec ses voisins de chambre et d’escalier. « Tant qu’on a des chats, des livres, de la musique et le plaisir de recevoir, la moindre couleur, le moindre sourire, détail vous rend la vie merveilleuse. »

« Arrêtons de nous plaindre, partager le plaisir de bien manger n’est pas une question d’argent mais de volonté. » Et avec « La cuisine du 6e étage », vous avez la promesse que votre table pétille autant que votre esprit !

Anne-Claire Gagnon

La Cuisine du 6ème étage de Nathalie George, préface du Chef Yannick Alléno, éditions Hérodios (9 juin 2020) – Page FaceBook.

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