L’œil des historiennes

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Quelle est la place des femmes en France dans le monde des historiens ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes puisqu’en 1960 on compte 9,2% d’auteures, 19% en 1980 et 24,8% en 1999 (relevés dans la Bibliographie Annuelle de l’Histoire de France – BAHF). Si les historiennes dans leur début s’intéressent en premier lieu à l’Histoire de l’art puis à l’Histoire sociale (vie privée, de la famille ou de la vie quotidienne), la deuxième génération plus nombreuse et plus active élargit ses thèmes d’études, notamment en Histoire des sciences. Aux cinq volumes de l’Histoire des Femmes en Occident parus en 1991-1992 participent 64 femmes pour 11 hommes, une première…

Leur arrivée au XXe siècle a-t-elle changé la manière d’écrire l’Histoire et les historiennes sont-elles des historiens comme les autres ? Dans Un siècle d’historiennes paru au mois de juin dernier, vingt historiens retracent à tour de rôle l’itinéraire personnel et l’apport intellectuel de vingt historiennes remarquables du monde entier (la moitié sont françaises) qui ont particulièrement marqué la pensée historique du siècle.

 Mais l’Histoire n’est-elle pas avant tout une question de sensibilité et de curiosité ? Si les méthodes masculines ou féminines restent les mêmes, les auteures en revanche abordent l’Histoire sous des angles différents (le souci du quotidien, l’intériorité, la famille, le social, les progrès de la médecine) et ouvrent ainsi des perspectives nouvelles.

Pas d’Histoire enfin sans archives : Edda Tasiemka, 92 ans, née en Allemagne, a constitué avec son mari Hans une étonnante collection d’archives.  Ils ont ensemble depuis 1949, et jusqu’en 1970 date de sa mort, découpé, archivé des coupures de presse et constitué un fonds exceptionnel qu’aucun moteur de recherche internet ne remplacera jamais. Tout tient dans le cerveau d’Edda. Nombre d’écrivains ou journalistes la remercient dans leurs ouvrages. Edda qui vit à Londres aujourd’hui au milieu de piles de journaux qui occupent tout l’espace envisage de léguer cette mine d’informations qui remonte jusqu’en 1840 à une université.

Marie-Hélène Cossé

Histoire des Femmes en Occident dirigé par Georges Duby et Michelle Perrot (Éd. Laterza) 1991-1992
Un siècle d’historiennes sous la direction d’André Burguière et Bernard Vincent (Éd. Des femmes-Antoinette Fouque) 4 juin 2014
La mamievore, Nouvel Observateur, 14 août 2014, n° 2597

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