Avoir de l’esprit ou pas…

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Héroïnes du latin et du grec, voici douze « femmes savantes » de la Renaissance à nos jours qui ont préféré aux travaux d’aiguille les travaux de plume. Peu importe quand vous lirez cette galerie de portraits, ces femmes illustres qui ont éclairé le monde ont affirmé que rien n’est interdit à condition de s’en donner les moyens. Et c’est ce qu’elles ont fait !

La faute aux préjugés

Pour Molière « Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses ». Quelles causes peuvent empêcher ces apprentissages, si ce n’est la crainte des hommes de voir les femmes les supplanter, attitude qui existe encore aujourd’hui dans de nombreux pays où elles n’ont pas droit à l’éducation ! Les préjugés font fi des continents, des cultures, des époques, et de pimbêches à péronnelles, chacun y est allé de son sobriquet, les femmes ont eu longtemps tort d’avoir raison. Le caricaturiste Daumier écrivait « Allons bon ! voilà qu’elle ne se contente plus de porter des culottes, il faut qu’elle me les jette à la tête » et Rousseau pensait que « Toute fille lettrée restera fille toute sa vie ».

Athéna et les autres …

Toutes les muses de l’Antiquité ont prôné l’intelligence du cœur et de l’esprit. Athéna était la seule à partager avec Zeus le pouvoir de tout accomplir, Marguerite de Navarre, amoureuse des mots, fut mécène des premiers humanistes en protégeant les œuvres littéraires, Elisabeth de Bohême au 17ème siècle, surnommée l’Étoile du nord, transcrivit le dialogue philosophique de Platon via sa correspondance avec Descartes, Anne Dacier, traductrice d’Homère, eut le privilège de reprendre la charge de son mari grâce à Louis XV. « Nous avons bien voulu marquer, par une grâce si singulière, l’estime que Nous faisons d’une personne qui a su joindre à la vertu et à la modestie de son sexe ce que les talents et l’érudition, héréditaires dans sa famille, ont de plus distingué ».

Avoir de l’esprit ou pas !

Émilie du Châtelet fut présentée par Voltaire à Madame du Deffand qui tenait salon et elle se sacrifia en quittant les plaisirs de Paris pour s’enfermer avec son amant à la campagne, mais revendiquait déjà le droit à l’égalité avec les hommes en s’adressant au Roi : « Je réformerais un abus qui retranche, la moitié du genre humain. Je ferais participer les femmes à tous les droits de l’humanité, et surtout à ceux de l’esprit ». Julie Favre devint directrice de l’École de Sèvres qui misait sur l’éducation donnée aux filles en même temps que Camille Sée fit voter une loi pour la création de collèges et lycées pour filles avec un enseignement dispensé par des femmes.

Plus près de nous, Marguerite Yourcenar, passionnée de littérature gréco-romaine ou Jacqueline de Romilly, éminente helléniste, membre de l’Académie et du Collège de France, érudites et téméraires, elles ont toutes consacré leur engagement à défendre les Lettres anciennes. Souvent dans l’ombre, le 21ème siècle peut et doit les remettre en lumière aujourd’hui.

Vicky Sommet

« Femmes savantes – de Marguerite de Navarre à Jacqueline de Romilly » sous la direction de Laure de Chantal, éd. Les Belles Lettres, janvier 2020.

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