Carpiem, une femme à sa fenêtre

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Ayez la discrète curiosité de regarder un soir la façade de vos voisins, vous observerez que les rideaux sont bien souvent formatés et monochromes. Enseigne suédoise, prêt-à-porter de la déco, grandes surfaces de bricolage uniformisent nos intérieurs. Laurence de Lisle, tapissière-décoratrice, nous éclaire sur les tendances de la tringlerie et de l’habillage contemporain de nos fenêtres.

À 30 ans Laurence de Lisle, quitte les liasses d’expertise-comptable pour celles d’ échantillons de tissus. Son goût pour la couture, elle l’a toujours eu, mais ce sont surtout les tissus, les matières qui l’attirent le plus. Retour donc à la case départ pour des études à l’École Boulle et pour des années d’apprentissage auprès d’une tapissière du quartier Clichy. Cette dernière lui transmettra non seulement un savoir-faire artisanal mais aussi un regard éveillé et aigu sur toutes les innovations en matière de stores, panneaux, voilages, rideaux et accessoires.

En 2008, Laurence ouvre son propre atelier, Carpiem, consacré à l’habillage des fenêtres mais aussi à celui des sièges, des lits et coussins. Ce qu’elle aime dit-elle « c’est participer au bien-être des gens ». Pourtant, quand on est tapissière (tout décor en tissu), on arrive souvent en fin de chantier, au moment où les clients réduisent la voile du budget et se tournent malheureusement vers du triste prêt-à-poser ! Dommage, car les conseils en matière de choix d’étoffes, de système de pose de rideaux de la part d’un professionnel peuvent transformer totalement une pièce, la typer et solutionner bien des problématiques de lumière, d’isolation, de hauteur de plafond, de dimension…

Oubliez donc le rayon Rideaux  de votre magasin de bricolage ! Les nouveaux produits que proposent  Laurence de Lisle vous ne les trouverez pas là. La tringlerie actuelle se décline aujourd’hui en bois (ébène, bambou), aluminium patiné, nickel brossé, argent vieilli, canon de fusil… Les attaches : œillets, agrafes, pinces à linge, wawe… jouent avec le cuir, le métal ou le végétal. La créatrice travaille avec les grands éditeurs de tissus qu’elle a plaisir à retrouver en janvier au Salon toujours festif de Déco Off. Avec les italiens Dedar et Rubelli, avec les créateurs venus du Nord, Nya Nordiska et Kvadrat, avec les français Élitis, Métaphores et les piliers incontournables que sont Frey, Canovas et Nobilis. Aujourd’hui, ses clients (particuliers, hôtels, restaurants…) ont moins d’hésitation pour aller vers des couleurs fortes et des motifs marqués. Résille, limba, lin, côte de maille, sky s’invitent sur les tringles. Elle n’hésite pas à mélanger les genres comme un tartan écossais avec une dentelle noire. Une de ses dernières réalisations consistait en la création originale et raffinée de stores en noble crin de cheval et cachemire !

Le sur-mesure en décoration, c’est comme pour la mode, cela a un coût, mais la personnalisation, l’originalité, l’élégance, la coupe juste, le tomber parfait a un prix. La créatrice travaille actuellement avec un cabinet d’architectes pour un habillage d’assise aux formes improbables, elle intervient régulièrement pour des mises en scène de prises de vue pour AD et autre journaux de décoration. Mais elle sait aussi donner une deuxième vie à un canapé, métamorphoser une bergère, faire revivre une tête de lit.

Partant en camionnette avec son équipe de poseurs installer des rideaux dans une villa cannoise, Laurence avait hâte de voir son travail en situation : « Rentrer dans l’esthétique des gens, c’est mon métier ».

Christine Fleurot

Atelier Carpiem, 18 Rue Albert Roussel, 75017 Paris, Tél 06 79 28 82 59.
©Caroline le Blan

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