La mode bouge !

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Le contexte sanitaire et économique amplifie le virage amorcé face à la façon de consommer différemment la mode. Durable, locale ou solidaire, la filière textile est contrainte de tisser de nouvelles perspectives.

Seconde main, seconde vie

En 2019, 39 % des Français ont acheté au moins un vêtement ou accessoire de mode de seconde main. Ces derniers mois, où on a eu tout loisir de vider nos placards, la tendance s’est accélérée. Inutile de présenter les plateformes de vente en ligne de vêtements d’occasion entre particuliers telle la très populaire Vinted ou la plus luxueuse Vestiaire Collective. Cette dynamique affole les acteurs de la mode qui se sont empressés de créer leur propre entité. Jacadi Seconde vie propose ainsi son vestiaire digital d’occasion et La Redoute, elle, vient de mettre en place début janvier son site de revente entre particuliers bien nommé la Reboucle.

La récup’ : une nouvelle créativité 

Autre approche responsable, le recyclage.  » Pour que la mode ne dure pas qu’un printemps  » entonnent les Hirondelles en sauvant plus de 3000 mètres de chutes de tissus des ateliers de fabricants français et en les transformant en matière première. Miu Miu, marque benjamine de Prada, a chiné en friperies des pièces des années 30 ou 70 pour créer une collection de robes dans l’esprit de la maison et s’allie actuellement avec Levis pour une collaboration vintage encore secrète. Ces initiatives de résilience redonnant ainsi des couleurs et du chic au mot  « récup ».

Pollueur-payeur

– L’industrie de la mode et du textile est la deuxième industrie la plus polluante du monde. 
– 100 milliards de vêtements sont vendus par an.
– 600 000 tonnes de textiles, linge de maison et chaussures sont  mis sur le marché en France chaque année, 10 kilos par an et par habitant.

– Toute société qui met sur le marché à titre professionnel ce type de création est dans l’obligation de contribuer ou de pourvoir au recyclage et au traitement des déchets issus de ces produits. Coût estimé par pièce : €0,9.

La précommande : produire moins et juste

Afin d’ajuster leur production, préserver leur trésorerie et éviter les stocks dormants, de jeunes créateurs lancent leurs marques sous forme de précommandes. À l’écoute des besoins du consommateur, l’impliquant dans la conception du vêtement, Réuni, Hopaal ou l’élégant site Mister K s’inscrivent dans cette logique raisonnée. Avec en prime une démarche solidaire en reversant un pourcentage de leur chiffre d’affaires à des associations caritatives ou écologiques. Pour le consommateur, séduit par le côté exclusif et édition limitée, il lui faudra juste un peu de patience pour obtenir l’objet de son désir.

Du français, Madame !

La mention Origine France Garantie établie par un organisme indépendant exigeant certifie que le produit a été confectionné  en France (coupe, montage, finition) et au moins 50% de son prix unitaire a été acquis en France. Made in France est un marquage officiel non obligatoire pour le textile, validant une opération de transformation substantielle réalisée en France. Les sites comme La Saperie Française ou l’Appartement français vous aiguilleront pour dénicher une nuisette, des collants, un jean ou un béret franco-français.

La fibre solidaire

Replacer l’humain, la solidarité et l’engagement social au cœur de leur projet est une volonté qu’anime d’autres initiatives textiles. Les récupérables, qui ont fait de la collecte de rideaux leur dada, privilégient l’insertion en employant dans leurs ateliers des personnes ayant un savoir faire et éloignées du monde du travail. Emmaus Alternatives Créations embauche du personnel en situation précaire pour trier, laver et donner une seconde jeunesse aux vêtements. À une échelle locale, La refile de Meudon, à la fois friperie, espace collaboratif de couture, d’apprentissage et de vente où on pique au Bar à coudre,  tricote du lien social.

Après cette prise de conscience éthique, il nous faudra aussi faire preuve de sévérité à l’égard de certaines grandes marques non respectueuses des lois du travail européennes. Un dernier rapport sur la culture du coton au Xinjiang en Chine (20% de la production mondiale) confirme que celle-ci est effectuée par un dispositif de « travail coercitif » et de déplacements forcés des Ouïghours. Sombre revers des paillettes de la mode !

Christine Fleurot

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