Le charme des Parisiennes

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Cliché, mythe ou mensonge, la Parisienne représente une photo de mode, un esprit frondeur et un charme inimitable, ce petit « je-ne-sais-quoi » qu’on lui envie et qui est devenu le stéréotype d’une identité nationale et des relations entre émancipation des femmes et domination masculine.    

Du chic et du chien

Fantasme ou réalité, la Parisienne a accompagné l’évolution de la société française, royale à Versailles, républicaine à Paris, exaltée par Baudelaire ou Offenbach, et Communarde malgré elle. Écartelée entre la capitale et la province, garçonne dans les années 20, grivoise dans les années 50, elle est devenue un lieu de mémoire, une figure du patrimoine, se promenant entre Balzac et Proust, image de la publicité, du cinéma et de la haute couture. « Il faut donc te les dépeindre ces aimables Parisiennes… » écrit Jean-Jacques Rousseau. Ni modèle de vertu, de chasteté ou de modestie, la Parisienne du 19ème siècle fait peur aux hommes tout en les attirant.

Fiction ou symbole

La Parisienne, figure de mode, se distingue d’abord par son enveloppe extérieure. Elle sait s’habiller, attirer les regards, a de l’esprit et elle est, comme écrit Léon Gozlan, « La femme qu’on rêve à seize ans et la seule dont on se souvienne à soixante ». Une et multiple, courtisane ou lorette avant-hier, grisette ou ouvrière hier, femme du monde ou féministe aujourd’hui, elle agit et parisianise ses décisions. Modèle de peintres ou de couturiers, création longtemps attribuée à Coco Chanel, elle a su se distinguer en gagnant en autonomie, en creusant sa place dans la société, et sortir des pages des romans pour devenir une femme à part entière.

Ambassadrice et égérie

D’Inès de la Fressange avec « La Parisienne » à « How to Be a Parisian Wherever You Are » de Caroline de Maigret, dans les guides, les best-sellers ou dans la presse « Ces dames de Paname », « La mode, c’est Paris », de Grazia au Parisien, elle est devenue une affaire qui marche, un filon marketing, et, si elle s’associe à des marques, le symbole d’une création « Made in France ». Avec en toile de fond des photos, un Paris magnifié, jusqu’aux noms déposés qui perpétuent ce « I love Paris » de Cole Porter, chez Yves Saint Laurent, les parfums s’appellent Rive Gauche, Paris ou Parisienne. Elle se trouve au cœur d’enjeux économiques majeurs et de retombées lucratives, à commencer par le tourisme qui invite le monde à venir voir … les Parisiennes.

Casual chic ou less is more, pour les Anglais « Un être mélodramatique, érotique, sophistiqué, une combinaison d’élégance et d’animal ». Pour les Américains « Quand on entend les Américaines parler des Parisiennes, on a l’impression d’entendre Perceval ayant enfin trouvé le Saint Graal ». Aux Parisiennes de garder cet héritage vivant, et plutôt que d’être le fantasme des hommes, de rester un exemple pour les autres femmes, Clermontoises, Bordelaises ou Nantaises, en s’éloignant des clichés et en prenant leur vraie place, la leur !

Vicky Sommet

« La Parisienne. Du siècle des Lumières à nos jours » d’Emmanuelle Retaillaud (Le Seuil, février 2020).
« La Parisienne » d’Inès de la Fressange et Sophie Gachet (Ed Flammarion, 2010).
« How to be Parisian wherever you are » de Caroline de Maigret, Sophie Mas, Anne Berest, Audrey Diwan (en anglais, 2014)

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