Le Connemara sur les pas de Michel Sardou

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Balade irlandaise au son et au rythme d’une ballade bien française…

Terre brûlée au vent des landes de pierre autour des lacs. C’est pour les vivants Un peu d’enfer, le Connemara. Ah ! Laquelle d’entre nous n’a pas vibré un jour sur les paroles des Lacs du Connemara  ! Avec sa musique si entraînante au son du Bodhràn, ce petit tambourin en peau de chèvre, du fiddle, le violon sans mentonnière et de la cornemuse, appelée uilleann pipe, cette chanson m’a donné envie de partir pour l’Irlande découvrir ce décor si mystérieux. Appelée aussi Verte Erin  ou Belle émeraude  ou encore Première fleur des mers, cette île, coupée en deux par l’histoire, m’a accueillie avec générosité La gentillesse des Irlandais n’est en effet ni surfaite, ni exagérée, mais simplement vraie, spontanée. Le problème, c’est que l’irlandais parle … irlandais, un anglais très rauque et le sourire remplace parfois les mots : sauf si vous savez dire en gaëlique Sheela-na-gig qui est la représentation féminine aux attributs proéminents sculptée sur certains monuments ou plus pratique Conas tà tù ? (comment allez-vous ?). En y ajoutant Dia dhuit (bonjour) et Slàn (au revoir), vous vous ferez des amis pour toujours !

Des nuages noirs qui viennent du nord colorent la terre, les lacs, les rivières c’est le décor du Connemara. À peine arrivé dans ce territoire de terre et d’eau, souvent recouvert de brume épaisse le matin, le mystère vous enveloppe. Et comme vous roulez seul sur les routes étroites mais bien entretenues, concentré sur votre conduite à gauche, vous prenez le temps de regarder ce paysage de landes vertes, d’osmondes royales, de fougères et de bruyères séparées par des murets de pierres ou de briquettes de tourbe, et ponctuées de massifs montagneux granitiques très sombres et de lacs bleus profond. Et quand le soleil fait enfin son apparition, cette palette de couleurs vous incite à descendre de voiture, juste pour regarder ce paysage serein et tourmenté à la fois. Vous avez l’impression d’être seul au monde, loin du bruit des villes et de la foule, si ce n’est un troupeau de moutons blancs et noirs qui vous marchent quasiment sur les pieds, avides de retrouver l’herbe verte de l’autre côté de la route.

Là-bas au Connemara, on dit que la vie c’est une folie et que la folie, ça se danse. Les Irlandais n’ont aucune peine à lever le coude dans un pub pour boire jusqu’à plus soif. Cet endroit ordinaire et magique à la fois, a un long passé derrière lui. Le Guiness Book des records  nous apprend, avec des preuves archéologiques à l’appui, que l’on boit au Sean’s Bar à Athlone depuis l’an 900. On en trouve partout, même dans le plus petit village déserté par les commerces, le pub, lui, a tenu bon. On y boit de la Guinness (production locale et l’on peut visiter à Dublin sa brasserie gigantesque qui date de 1904), on y mange l’Irish stew ou le Dublin coddle, on y parle, on rit, on chante et on danse. Bref, on y vit le craic, qui signifie en gaélique, s’amuser et faire la fête ! Le grand poète irlandais Yeats l’a écrit en connaissance de cause « There are no strangers here, only friends you haven’t yet met » (Il n’y a pas d’étrangers ici, juste des amis dont vous n’avez pas encore fait la connaissance »).

On y voit encore des hommes d’ailleurs venus chercher le repos de l’âme et pour le cœur, un goût de meilleur. Car on vit bien aujourd’hui en Irlande, Même si la crise économique est passée par là, rien à voir avec la grande famine de 1846. La pêche, les parcs naturels comme le Connemara, les châteaux et les paysages, une hôtellerie de charme, des restaurants où les portions sont généreuses, toujours accompagnées d’une tranche de leur fameux brown soda bread, un pain noir fabriqué avec de la farine complète, de la farine blanche, du bicarbonate de soude et du babeurre. Si le cœur vous en dit, vous pouvez faire un arrêt sur la route du retour par Cork et aller visiter le Château de Blarney où il vous faudra arriver tôt si vous voulez embrasser, après avoir grimpé les 100 marches du donjon, une pierre encastrée dans un mâchicoulis qui est censée vous conférer le don de l’éloquence. Ma paresse légendaire a fait que je ne sois pas montée, car j’aurais pu peut-être mieux vous dire que c’est un joli voyage que d’aller découvrir l’Irlande et le charme du Connemara, ce gaeltacht, un territoire du parler gaélique. Ce  qu’avaient bien compris des écrivains toujours revenus au pays malgré la célébrité, comme Jonathan Swift, l’auteur des Voyages de Gulliver, Oscar Wilde qui grandit à Dublin, James Joyce, l’auteur d’Ulysse, et Samuel Beckett qui attendait Godot … dans un pub !

Vicky Sommet

Pour écouter la chanson Les lacs du Connemara (Texte Pierre Delanoë et Michel Sardou, Musique de Jacques Revaux).

Quelques suggestions :
À Cashel, village qui vit de l’exploitation de la tourbe et de l’agriculture, séjourner à Cashel House où le Général de Gaulle s’est installé après avoir renoncé à ses fonctions présidentielles en 1969.
– À Ballyconneely : rapporter du saumon fumé, mariné ou enduit de miel au Connemara Smokehouse.
– À Clifden : emprunter la Sky Road, la route du ciel, qui ménage de très beaux points de vue sur les baies et les îles en face.

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