Les seins, outil d’émancipation

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Cruel dilemme pour les femmes dans notre société de plus en plus permissive, faut-il cacher ses seins ou les montrer ? Les assumer ou les ignorer ? Les avis divergent et les décolletés avantageux attirent souvent des critiques masculines… mais pas seulement.

Ils pèsent ou ils plaisent

C’est en écoutant ces femmes qui décident de ne plus porter de soutien-gorge que je me suis interrogée. Quel geste pour quel effet ? Fini peut-être le temps des soutien-gorge rembourrés pour faire croire que vous en aviez et terminé les prothèses mammaires pour faire taire vos complexes mal placés. Prendre en compte son âge, son éducation, la mode ou la maladie, qu’est-ce qui nous incite à nous poser ces questions ? Dans une interview sur Mid&Plus en juin dernier, l’héritière de la corsetière Simone Pérèle affirmait : « Avec des matières rigides, pas de profondeur de bonnet, c’est ce à quoi ressemblaient les soutien-gorge des années 50… Le soutien-gorge ne servira plus seulement à soutenir, mais aussi pour que la femme se sente bien physiquement et moralement. »

Les combats ne sont pas les mêmes

La première apparition des seins n’est pas toujours bien vécue par les filles comme pour les garçons, plutôt gênés s’ils sont lourds et empêtrés dans cette nouvelle forme de séduction qui les troublent. Arrêtons de dire aux jeunes filles « Ah ! comme ils ont poussé ». Vous ne diriez pas à un garçon que ses attributs commencent à se voir, car tout ce qui pousse chez eux, se laisse seulement deviner. Rappelez-vous dans l’histoire : le port du corset jusqu’à l’époque victorienne, le kimono japonais avec l’obi, la ceinture serrée sur le bas du torse, plus les bandelettes qui vous empêchent de respirer, les garçonnes des années 20 qui les attachaient pour les dissimuler ou les religieuses catholiques qui revêtaient un linge pour bander leur poitrine.

La société dicte tout

Même chez les très jeunes filles qui, pour leur premier achat, se voient proposer celui garni pour que vous montriez déjà très tôt une poitrine qui se voit, celle que ces messieurs veulent voir et celles que ces dames veulent avoir. Pourquoi autant d’uniformité ? Que chacune garde sa poitrine en forme de poire ou de pomme, notre corps sexué déchantera souvent après une grossesse ou la ménopause influera fortement sur la descente de votre silhouette, seins compris ! Beauté, sensualité, érotisme, maternité et allaitement, tout se mélange, les combats féministes n’ont pas réussi à départager ces différences d’appréciation.

Dissimuler les attributs du pouvoir de la femme sous des signes extérieurs de féminité, c’est une manière de faire croire aux hommes qu’ils sont les maîtres, les publicités d’hier disaient « Regardez-moi dans les yeux » ou « En septembre, j’enlève le bas » et aujourd’hui, les Femen ont adopté ce mode d’expression pour se faire entendre. À vous de choisir votre forme de libération, le confort ou le confinement, aux autres de vous voir comme un tout, heureux et harmonieux.

Vicky Sommet

« Seins. En quête d’une libération » aux éditions Anamosa, de Camille Froidevaux-Metterie (mars 2020) et « La révolution du féminin » aux éditions Folio Essai (2015)
« Les 100 mots de la sexualité » de Jacques André aux éditions PUF (2011)
« Le corps des femmes : la bataille de l’intime » Philosophie Magazine en 2018

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