Le bien ne fait pas de mal

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Citoyen engagé et attentif, voisin concerné et bienveillant, habitant responsable et prévoyant, comment, à toutes les étapes de notre existence, agir bien et dans le respect d’autrui ? Notion désuète ou attitude vieillotte, le bien serait-il une valeur en voie d’extinction et peut-il survivre au 21ème siècle ? 

Légitimité éthique ou choix moral

À Axel Kahn, médecin et généticien, disparu en juillet dernier, son père avait dit avant de se donner la mort : « Sois raisonnable et humain ». Quelle responsabilité à faire peser sur les épaules d’un homme ! C’est pourtant ce qui l’a guidé tout au long de sa vie personnelle et professionnelle, et en tant que président de la Ligue nationale contre le cancer, à se mobiliser pour la protection des personnes malades face à la pandémie. Si le rôle du médecin est de faire le bien en guérissant, quel peut être le comportement de tout un chacun pour agir bien ? À nous de choisir notre mode de vie, avec un regard ouvert sur l’autre, un intérêt réel pour son vécu et un échange enrichissant pour les deux parties.

Un bien pour un mal

Sans faire intervenir, compassion, complaisance ou bien-pensance suspecte, nous pouvons oser chasser le mal pensé et le mal dit en s’imposant à soi-même la loi du bien faire. Pour Aristote, l’éthique consiste à réfléchir sur la vie et son sens ultime, le bonheur. D’où cette question qu’il nous suggère, s’interroger sur notre mode de vie et les conduites qui nous rendront heureux. En y incluant l’amitié, la justice et une vie vertueuse. Commençons par être conscient de notre moi, sachons différencier le bien du mal, utilisons notre libre arbitre à bon escient et par principe de réciprocité, respectons l’autre comme nous voudrions qu’il nous respecte. Hannah Arendt avait évoqué « la banalité du mal » et sans être des saints, nos droits vont avec nos devoirs pour parvenir à une certaine dignité.

Le bien est partout si on le veut

Le bien en politique s’exprime par la démocratie, le bien dans l’injustice se traduit par la révolte ou l’émeute, le bien dans les croyances s’apparente à l’humanité. D’où le fait que les robots doivent tout à l’intelligence humaine, elle seule dotée de clairvoyance, même si l’humain a engendré en vrac le pessimisme, le colonialisme, l’absentéisme, l’extrêmisme et demain le transhumanisme. Parce que l’être humain a aussi ses fragilités, ses faiblesses, ses maladies, ses différences, tant de situations qui créent des phénomènes de peur irraisonnée, d’espoirs déçus, d’ignorance mal comprise. Et quand on analyse le genre humain, dire que la femme par rapport à l’homme est inférieure, sa force moindre, son intelligence minorée et son expertise peu affinée, contredit Axel Kahn : « L’humanité est à la fois féminine et masculine, toute espèce de discrimination entre les droits de ces deux composantes est inacceptable pour quiconque se dit humaniste. » Et de conclure : « Le sexisme est un antihumanisme. »

Et moi je conclurai par ce proverbe : « Qui dit du bien, jamais ne chuchote. »

Vicky Sommet

« Et le bien dans tout ça » d’Axel Kahn (éditions Stock, 2021)

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