Si l’enchantement est présent au début d’une histoire d’amour, comment faire pour que les sentiments demeurent avec le temps qui passe, quitte à renouveler régulièrement la décision de vivre à deux plutôt que d’affronter à terme, déception et solitude. That is the question !
L‘amour est un sujet miné d’avance
Les thérapeutes, psychiatres ou psychologues, sont amenés à réfléchir très souvent à ce lien qui perturbe leurs patients. « Parler d’amour est toujours compromettant » dit Jean-Paul Miallet, « C’est comme si on le mettait dans un sac fourre-tout où est écrit en grosses lettres AMOUR, à l’image d’autres sacs qui portent l’inscription RIZ, FARINE ou THÉ ». Ce serait une particularité de notre époque car, autrefois, on parlait peu en consultation d’être mal aimé ou pas assez aimé, encore moins d’un nouvel amour qui viendrait s’immiscer dans une vie privée déjà construite.
Quand sentiment rime avec pansement
Les histoires d’amour n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité de l’amour. On est passé de « Make love not war » à « Love and peace » pour arriver à « Je jouis donc je suis ». La Rochefoucauld qui mettait en garde contre l’illusion de l’amour écrivait « Tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu ». Alors l’amour serait-il une expression culturelle, absent sous de nombreuses latitudes, comme en Inde, où amour signifie famille et enfants ? Amour-passion, amour-possession, amour-attraction, chacun y accole le nom qui lui convient. Il a fallu attendre le XIIème siècle avec l’amour courtois pour que le mot apparaisse. Plus tard, l’amour chevaleresque laissera la place à l’amour romantique du XIXème et pour Freud, l’amour n’est qu’une sublimation de la libido.
« Il y a les filles que l’on aime et celles qu’on aurait pu aimer » (Joe Dassin)
Arrivés au mitan de la vie (mid… et plus !), l’amour ludique attire ceux ou celles qui vivent une relation stable. L’état amoureux ne s’accommode pas bien de la durée et les émotions ou les aspirations romanesques se développent mieux dans la fraîcheur d’un élan nouveau. La littérature ou la poésie ont beau exalter la passion amoureuse, elle revient à vouloir posséder l’être aimé en n’offrant aucune prise à tout ce qui est autour. La passion est un grand jeu amoureux qui est délicieux à vivre mais, après l’ivresse de la rencontre, le coup de foudre, la froideur qui s’installe entre deux êtres laissera toutefois des traces indélébiles qui influenceront peut-être le futur.
Si le besoin d’aimer est inné, l’amour moderne ne devrait-il pas modifier son regard en insistant sur l’accompagnement, la présence, le partage ? Et accepter que l’amour en continu, ça n’existe pas ! Amour qui rime avec toujours, je vous laisse vérifier… !
Vicky Sommet
« L‘amour à l’épreuve du temps » de Jean-Paul Mialet aux éditions Albin Michel (avril 2018)