Une dictée par jour

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À la rentrée 2015, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Éducation nationale, annonce une dictée par jour à partir du CP. « Les élèves ne sortiront pas de l’école sans maîtriser la langue française », promesse non tenue qui donne l’idée à Béatrice et Hélène, toutes deux professeurs de lettres et de latin à Paris depuis de nombreuses années, de se lancer dans une aventure pédagogique.

Pourquoi ? Les deux femmes ont en commun la passion de la langue française et de l’enseignement et l’envie de transmettre. Or, chaque année les élèves ont un peu moins d’heures de cours de français hebdomadaires, la langue orale est privilégiée au détriment de l’écrite. Il existe donc une lente dégradation dans le secteur privé comme dans le public (y compris les « bonnes écoles »…). Hélène se souvient d’un de ses élèves dysorthographié qui fait 72 fautes dans sa dictée de rentrée en 4e… « Tout est rattrapable », dit-elle, « il faut prendre le taureau par les cornes et se servir de ses années de collège pour ne pas laisser les mauvais réflexes s’installer ».

Comment ? Hélène, convaincue que l’idée de la ministre, qui pourtant recule, est bonne, décide de créer un site autour du concept d’une dictée par jour et dépose le nom sans tarder. S’en suivent de longues heures de travail avec un développeur pour mettre au point le site tel qu’il existe aujourd’hui : élégant, esthétique, fluide et sérieux. « Nous sommes persuadées que seule la pédagogie de la répétition et de l’imprégnation peut permettre l’acquisition de la langue écrite et que sans grammaire il n’y a pas d’orthographe » expliquent les deux professeurs passionnées par leur sujet. « C’est un peu comme des vocalises en musique ou un entraînement sportif ».

Le concept. Le site comprend 365 dictées, une par jour de l’année, avec quatre niveaux de difficulté (vert, bleu, rouge et noir), mais pas de niveau de classe (à dessein). Chaque texte (provenant d’une œuvre littéraire) est traité comme à l’école : lu une première fois, dicté puis relu. On peut arrêter, revenir en arrière, avancer le curseur. La dictée et sa correction prennent 20 minutes maxi. « Vous pouvez la faire faire à votre petit-fils sur votre tablette pendant que vous préparez le déjeuner » souligne malicieusement Béatrice. L’élève peut choisir de l’écrire à la main ou de la taper. Puis l’heure est venue de lâcher son crayon ou son clavier et d’ouvrir l’onglet de la correction qui est donnée par vidéo. Trois ou quatre règles de français sont rappelées à chaque fois, pas plus.

Pour qui ? Pour les élèves en apprentissage d’écriture : on peut commencer au CM1, poursuivre au CM2 et continuer en 6e pour progresser. Pour les jeunes adultes qui rentrent dans la vie active et qui s’aperçoivent qu’ils ont des faiblesses à l’écrit qui les empêchent de progresser dans leur travail. Pour les étrangers qui apprennent le français. Hélène ajoute : « À l’heure où le péri-scolaire ne s’est jamais aussi bien porté (il faut payer pour suppléer), notre idée de site gratuit pour reprendre un enseignement est tout à fait dans la lignée de l’école républicaine gratuite ».

Nous ne sommes pas ici dans l’exploit de la dictée de Pivot, mais plutôt dans l’idée de redonner à ceux qui en ont besoin les bases de l’orthographe, indispensables à une bonne syntaxe, tout en y alliant le numérique et son côté ludique. Joli travail bénévole de deux amoureuses de notre langue et bel outil pour ceux de nos enfants et petits-enfants coutumiers des fôtes à l’approche des vacances.

Marie-Hélène Cossé

Une dictée par jour

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