MuCEM : l’Algérie en cartes

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C’est peu de dire que cette exposition est originale. « Made in Algeria », présentée au MuCEM, à Marseille, retrace l’histoire de l’Algérie des deux siècles derniers, au travers de sa cartographie. Elle raconte comment les Européens se sont approprié ce territoire par la magie d’une image, la subjectivité d’un dessin, la vérité d’un relevé topographique.

Parmi les 200 pièces exposées, il y a quelques aquarelles et huiles, dont une incroyable et immense vue aérienne du long chemin emprunté par la colonne expéditionnaire de 1839, de Constantine à Alger. Mais pour l’essentiel ce sont des cartes, des croquis, des plans. Des œuvres d’art : minuscules dessins à la plume de vaisseaux arrivant du large, prêts à la conquête. Réjouissante représentation d’Alger et sa cascade de maisons blanches tombant jusqu’au port.

Au 18e siècle, c’est un britannique, le Docteur Thomas Shaw, agent diplomatique auprès du Bey d’Alger qui, pendant douze ans, a jeté les bases d’une cartographie moderne et fidèle au terrain. À partir de la conquête de 1830, ce sont les militaires français qui, après les aventuriers et les diplomates, ont relevé les pistes et les oueds, les fermes et les monts, pénétrant peu à peu loin au sud, jusque dans les sables. Donnant réalité à ce qui n’était alors, dans les esprits, dans les livres et les cartes, qu’un espace blanc, infini, méconnu et convoité. La colonisation s’affiche avec l’annonce des ventes aux enchères des terres et des troupeaux. Les nouvelles propriétés sont répertoriées sur le papier, en petits points noirs et rouges dans l’immensité du territoire ou en petites icônes, symboles d’animaux, de plantes, de bâtiments…

Dans le même temps, les cartes s’enrichissent des voies de communication, le chemin de fer, les routes, les pistes. Elles donnent le maximum de renseignements, y compris, parfois, les dénivelés. Car dès les années 1920, arrivent aussi les touristes, les rallyes automobiles, les escapades en bicyclette et les auto-circuits de la Compagnie Générale Transatlantique.

À l’origine de cette exposition, un cartographe, Jean-Yves Sarazin, et une femme, écrivain, historienne de l’art, Zahia Rahmani, une Française née en Algérie, en 1962.

Dominique Burg-Faure
Mid&Sud-Est

MuCEM : Made in Algeria, généalogie d’un territoire  jusqu’au 2 mai 2016.

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