Suzanne Brun, technicien de police scientifique

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Responsable du service de l’Identité Judiciaire à Béziers, Suzanne Brun est retraitée. Dans sa profession il n’y a pas de petites affaires, même les plus simples occasionnent un risque. Et 90 % d’entre elles présentent des dommages collatéraux. Femme éminemment positive, Suzanne a toujours gardé foi et optimisme malgré les difficultés.

Une activité dangereuse du début à la fin. Pour exercer ce métier il faut : « être réactif, savoir maîtriser ses émotions et « avoir des couilles », explique Suzanne qui n’a rencontré aucun machisme dans son métier. Après une formation interne à l’École de Police de Lyon, elle choisit de chercher des preuves dans la police scientifique. Elle croit que c’est moins dangereux que de courir après les délinquants. Pourtant elle se trompe, elle va risquer sa vie du début à la fin. Sa première tâche « simple » la conduit à photographier des tags sur les murs d’une barre d’immeubles dans le quartier de la Devèze à Béziers. Ce jour-là, elle n’utilise pas son zoom, mais recule d’un pas. « Atterrit à mes pieds un énorme téléviseur que j’aurais pris en pleine poire, si ne j’avais pas reculé », raconte Suzanne.  Et le jour de son départ en retraite, un terroriste envoie une roquette chargée dans sa direction. L’engin fait exploser sa voiture devant elle…

Des dommages collatéraux. La question qui taraude encore Suzanne aujourd’hui : « que sont devenues les personnes ayant subi des dommages collatéraux ? Les enfants surtout… »  Cette fillette d’une famille nîmoise d’un niveau social relativement évolué ? Son père lui plante régulièrement sa fourchette dans la main quand elle ne mange pas correctement, sous l’œil impassible de la mère. Et cette autre fillette, enfermée par des hommes casqués qui tuent sa mère d’une balle dans la tempe, dans la pièce voisine. Au départ des hommes, le premier geste de cette enfant est d’appliquer un gant de toilette mouillé sur l’impact de la balle. Et aussi, les enfants de cette femme laissés à la surveillance de la gardienne. En rentrant du travail, la maman croit qu’il y a eu un grave accident. C’était le chat, poignardé lors du cambriolage de l’appartement, qui avait laissé des traces de sang partout avant de se cacher sous le lit…

Des fins heureuses. Quand un technicien de police scientifique intervient les gens sont déjà morts. Alors que peut-on appeler une fin heureuse dans ce métier ? « Une affaire positive, celle qui fait notre fierté, c’est quand notre intervention a réussi à limiter les dégâts », explique Suzanne. Et de raconter l’histoire de cet individu, ni terroriste, ni malfaiteur, mais déséquilibré, frustré qui avait fabriqué des bombes… pour tuer. La police scientifique a réussi à faire exploser ses engins sans dommage. Et l’a mis hors d’état de nuire. C’est ça une fin heureuse ! Et, pour la petite histoire, ce qui a scotché Suzanne, c’est qu’il ait réussi à retrouver ses bombes, là où il les avait ensevelies, en pleine forêt, alors qu’il n’avait laissé aucun signe apparent.

Ces anecdotes montrent combien le métier de Suzanne est difficile. Et soulignent qu’il faut une bonne dose de sang-froid pour affronter des situations hors normes, quand on est épris de justice.  Notre technicienne de police est née sous une bonne étoile, elle s’est sortie avec succès de toutes ces affaires sordides. Aujourd’hui elle s’adonne à sa passion de toujours : l’écriture. « Ça me permet d’évacuer », avoue-t-elle en pensant avec émotion à la famille piscénoise des deux policiers de Mantes-la-Jolie.

Isabelle Brisson
Mid&SudOuest

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