J’adore ce tube de Stephan Eicher ! Bien sûr la musique rock électro est plus qu’accrocheuse, mais les paroles signées de Philippe Djian sont loin d’être anodines (et plutôt féministes…), qui s’attaquent au quotidien d’un couple avec en toile de fond l’état du monde. La chanson, écrite en 1991 au moment de la guerre du Golfe, dénonce l’exploitation du sensationnalisme et la sur-information provoquées par les médias pour nous parler de la guerre « en couleurs ». Prémonitoire ! Et à l’époque il n’y avait ni les réseaux sociaux, ni les chaînes infos, ni autres instruments numériques… « J’abandonne sur une chaise le journal du matin, les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent… Cette fois je ne lui annoncerai pas la dernière hécatombe. Je garderai pour moi ce que m’inspire le monde. L’homme est un animal, me dit-elle. Elle prend son café en riant. Elle me regarde à peine, plus rien ne la surprend sur la nature humaine, c’est pourquoi, elle aimerait, si je le permets, déjeuner en paix. » Comprendrait-elle mieux que lui, en lui posant ces deux questions fondamentales, ce qui fait tourner la terre ? « Crois-tu qu’il va neiger ? me demande-t-elle soudain… Me feras-tu un bébé pour Noël ? » Parfois on aimerait juste déjeuner en paix et, pourquoi pas même, danser au bord du volcan… Insoutenable légèreté de l’être !
Anne-Marie Chust
Déjeuner en paix de Stéphane Eicher (1991)