Petits jardins d’éternité

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Passé, présent, futur, voilà ce que tendent à offrir les « Petits jardins d’éternité » de Laurence Garfield. Ces jardins personnalisés permettent ainsi « une alternative à la traditionnelle pierre tombale ». Message de vie, la présence végétale transmet ainsi sérénité et paix aux familles et au disparu, maintenant un lien indéfectible.

♦ Vous consacrez une grande partie de votre temps à concevoir des projets de jardin pour remplacer les monuments funéraires traditionnels, comment vous est venue l’idée d’associer un jardin à ce lieu de recueillement ? J’ai toujours aimé les cimetières, un lieu de recueillement et de sérénité, d’histoire, tout en regrettant le côté très minéral des sépultures. En séjournant en Allemagne, j’ai vu que leurs cimetières étaient beaucoup plus plantés et que les tombes étaient conçues comme des jardins. J’ai eu envie d’imaginer des sépultures paysagères pour adoucir nos cimetières traditionnels.

♦ Depuis quand vous connaissez-vous Nathalie Houdebine et comment s’articule ce partenariat créatif, comment vous complétez-vous ? Nathalie et moi nous sommes rencontrées pendant ses études de paysagiste à l’École du Paysage de Versailles. Nous avons collaboré sur différents concours et notamment sur un qui demandait d’imaginer de nouveaux espaces plantés en ville pour élargir la trame verte. Comme nous aimions toutes les deux les cimetières, nous avons proposé ce projet de « 2m² d’éternité » qui a été sélectionné et reçu le prix Cité Verte en 2012. Depuis, nous avons fait une centaine de projets de petits jardins d’éternité. En fonction des entretiens que nous avons avec la famille, nous faisons la conception d’un projet personnalisé, Nathalie le dessine et nous faisons conjointement la mise en œuvre du jardin et son suivi.

♦ Comment votre formation de paysagiste qui fait partie intégrante de votre activité vous aide-t-elle à définir le meilleur décor pour le lieu choisi, comment vos « jardins sur tombe » jouent-ils en osmose avec vos mosaïques ? Notre formation de paysagiste nous permet en effet de concevoir ces petits jardins en fonction de leur situation et du type d’entretien qui lui sera apporté. Nous avons également effectué des recherches botaniques pour sélectionner une palette de plantes résistantes à la sécheresse et nécessitant peu d’entretien. En fonction du projet, ma formation de mosaïste me permet, si c’est adapté, de concevoir un décor en mosaïque sur une plaque gravée qui comporte le nom et les dates du disparu (ou d’autres inscriptions).

♦ Avez-vous des matériaux favoris ? Nous devinons des smalts de Venise sur vos créations. Pourquoi ce choix ? Vous permettent-ils de jouer sur les reliefs, le côté brut de la pierre ? Les matériaux que j’utilise pour ces créations dédiées aux cimetières doivent être très résistants. La plaque est généralement en ardoise et les smalts de Venise ou les verres artisanaux que je taille sont très adaptés. J’utilise également des tesselles de marbre, des silex, des cailloux roulés ou taillés, pour contraster avec la transparence du verre et la richesse des smalts et mettre en valeur le côté brut de ces pierres. J’ajoute souvent une touche d’or martelé ou blanc pour apporter un éclat de lumière aux mosaïques.

♦ Proposez-vous des ébauches de projet en collaboration avec la famille, autour d’un thème choisi, de couleurs, etc. ? Pour ces jardins, les projets sont personnalisés en fonction des demandes des familles. Lors de nos entretiens, nous évoquons avec eux la personnalité du disparu, ce qu’il aimait : couleurs, ambiances, lieux d’origine, tout ce qui peut l’évoquer sereinement et nous concevons notre projet en fonction : un petit jardin avec une ambiance bretonne ou montagnarde, une dominante bleue, un esprit zen, le dessin géométrique du tableau d’un peintre…

♦ Pouvez-vous nous indiquer les différentes étapes d’une tombe paysagère ? Combien de temps est nécessaire, du projet à la finition, pour réaliser une sépulture jardin ? Une sépulture paysagère nécessite un certain délai pour sa réalisation : après l’inhumation, lorsque le choix d’un petit jardin d’éternité a été fait, il faut vérifier la réglementation du cimetière et ce qu’elle impose et concevoir le projet en fonction (entourage par un marbrier ou non et délais correspondants). Nous laissons le temps à nos clients de réfléchir à ce qu’ils veulent évoquer dans ce jardin et nous leur proposons un dessin de ce que nous imaginons qui montre clairement la forme du jardin et la palette végétale. Lorsque nous avons leur accord, en fonction des délais d’un éventuel marbrier, nous faisons la mise en œuvre du jardin au printemps ou à l’automne. Globalement, depuis notre premier contact jusqu’à la réalisation, il se passe entre 6 et 12 mois. Pour réaliser la plaque de mosaïque, il faut tout d’abord faire graver les inscriptions. Le travail spécifique de mosaïque demande environ une quinzaine de jours, entre les dessins, la taille et la pose.

En parallèle de ses jardins d’éternité, Laurence Garfield poursuit ses activités de paysagiste-conseil pour des projets de jardins principalement privés et travaille également à des créations de sculptures en terre cuite et de tableaux en mosaïque pour les jardins. Vous pouvez la retrouver lors d’expositions d’artistes.

Nancy Besse
Mid&SudEst

©Laurence GarfieldPassionnée par le monde minéral, Laurence Garfield démarre sa carrière artistique par une formation de mosaïste, qu’elle complète par la conception de jardins à l’École du Paysage de Versailles. En collaboration avec l’illustratrice et paysagiste Nathalie Houdebine, spécialiste de la conception de jardin, formée aux Beaux-Arts de Versailles, Laurence Garfield permet à tous de perpétuer le lien indéfectible après la disparition d’un parent, d’un ami.

Laurence Garfield
2m² d’éternité
, créations et réalisations de sépultures paysagères.

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