Un seul mot à la bouche, au réveil, le soir, le week-end ou après un effort, nous sommes fatigués. Peu importent l’âge, le sexe, la santé ou les circonstances. On peut y ajouter, las, harassé, épuisé, mais sans être jusqu’au-boutiste, sachez qu’on peut en guérir.
La fatigue, c’est subjectif
Avant le stress ou le burn-out des années 2000, les combattants des croisades étaient fatigués après des mois de combats acharnés, des armées entières napoléoniennes durent se reposer avant de repartir à l’attaque et les soldats des guerres mondiales furent les victimes du rythme effréné des chocs entre ennemis déclarés. La fatigue des ouvriers des mines de charbon a disparu au profit de celle des ouvriers à la chaîne ou des travailleurs de nuit dans la presse et l’audiovisuel. Comment définir alors la fatigue car elle est souvent muette, invisible et difficile à évaluer ?
Un vocable féminin-singulier
Et pourtant, hommes et femmes la subissent à des titres divers. Fatigue hormonale pendant la grossesse ou la ménopause, fatigue des tâches quotidiennes qu’elles partagent plus aujourd’hui avec leurs compagnons, fatigues dues à la double journée pour elles alors qu’ils font face aux responsabilités écrasantes s’ils sont à la barre d’entreprises ou de commerces, fatigue remplacée souvent aujourd’hui par l’instauration des machines ou d’internet qui fait le travail des humains à vitesse grand V.
La fatigue existentielle
Et que dire de la fatigue psychologique ? La présence importante du moi, les luttes pour dominer, vaincre ou réussir, sont les témoins de cette fatigue contemporaine. Surmenage, déficits d’attention, il faut tenir le coup et le cap pour vivre en mode accéléré. Téléphones, mails, textos, réseaux sociaux, nous sommes sollicités à tout moment du jour et même de la nuit, plus les décalages horaires à l’international. Cela touche à l’identité même de la personne, quand on est fatigué, une partie de nous se délite, se morcèle, et comme on ne supporte pas de ne pas être soi, il faut sans cesse être sur le qui-vive et se reprendre dès qu’on flanche car aujourd’hui pas question de montrer ses faiblesses. Plus profondément encore, la crise actuelle se traduit par une fatigue profonde de la pensée et une usure de nos schémas traditionnels.
Quelles solutions ?
L’entrée de l’hiver n’est pas une excuse, il existe des solutions qui consistent à mieux dormir, mieux manger, mieux se bouger et mieux se valoriser, en adoptant une hygiène de vie défatigante. D’abord fragmenter sa journée en alternant activités et périodes de repos, privilégier une alimentation saine, sans gluten pour certains, sans sucre ou alcool pour d’autres, équilibrer les pauses physiques avec les malaises posteffort (en nageant on peut graduer son effort et en faisant du vélo, l’effort musculaire réveille). Et dormir quand l’envie vous prend en faisant du sommeil réparateur votre ordonnance pour un mieux-être.
Pour ne pas se conformer aux dires d’Oscar Wilde « C’est terriblement épuisant de ne rien faire ! mais je veux bien m’épuiser », sortir de sa fatigue en sachant que c’est un effort qui fatigue mais quel bonheur d’y parvenir… par soi-même !
Vicky Sommet
Pour en apprendre plus sans trop se fatiguer, lire le numéro spécial du Figaro Santé sur « La fatigue » et le livre de l’historien Georges Vigarello paru aux éditions Seuil « Histoire de la fatigue du Moyen-Âge à nos jours ».