Le gynécologue possède-t-il une meilleure connaissance de la femme qu’un autre homme ? Tous la mettent à nu pour l’examiner, mais peu d’entre eux acceptent de s’étendre sur le sujet quand on leur demande d’en parler. Un de ces spécialistes donne quelques pistes en se basant sur son expérience.
Un métier passionnant. « Le gynécologue exerce un métier passionnant, contrairement aux idées reçues », affirme notre obstétricien qui a souhaité garder l’anonymat, par discrétion par rapport à ses confrères. « Un vaste domaine qui traite la chirurgie, l’imagerie, la cancérologie, le suivi de grossesse, la contraception, la ménopause, etc. » C’est justement pour cela qu’il l’a choisi. Et si 90 % des gynéco-médicaux sont des femmes, c’est parce qu’elles ne font pas d’obstétrique, plaisantent les machos et les misogynes. Pour eux, en résumé, ces femmes médecins dialoguent avec leurs patientes lors des consultations, sans faire de gardes ni de nuits, ce qui leur permet de s’occuper des enfants…
Expertise maximum et minimum de psychologie. Oui, un gynécologue connaît très bien la femme, « du moins sur le plan physique et anatomique… Elles se confient beaucoup en abordant leurs problèmes intimes, mais ne disent rien sur leur profession, par exemple ». Quand une patiente se déshabille pour s’installer sur la table, c’est souvent un moment dur pour elle. Certaines trompent leur malaise en avouant qu’elles ne se sont pas douchées, pas épilées… « Je les mets en confiance », explique notre spécialiste, « à ce moment précis, le praticien est concentré sur le col de l’utérus. Il est dans son examen clinique. Il ne voit pas sa patiente comme une femme, même s’il y a parfois des détails qui tuent, notamment les odeurs¹. » Pour éviter tout malaise, un minimum de psychologie est utile. Il les distrait, les décontracte en posant des questions en rapport avec leur santé. La chirurgie, particulièrement, demande d’être à l’écoute de la malade, attentif à son angoisse, tout en restant dans la modération. « Les hommes aussi ont des hormones féminines ! ».
Indifféremment surprenant ou choquant. Notre spécialiste n’a pas établi de typologie féminine (que ses patientes gardent ou enlèvent leurs chaussettes pour se faire ausculter). « Chaque femme est un mystère en elle-même, indifféremment surprenante ou choquante, telle cette personne de 20 ans qui rigole tout le temps malgré sa tumeur à l’ovaire ». Au chapitre des histoires cocasses, celle d’un homme qui vient avec sa femme enceinte pour connaître le sexe de leur futur bébé. Il veut savoir s’il ira « manger à Casablanca ou à Saint-Malo. À Casablanca, si c’est un garçon, parce qu’il y a de la saucisse avec le couscous et à Saint-Malo, pour les moules »…
Le pire pour notre gynécologue. Qu’on le prenne pour un incompétent ou un imbécile. Qu’on lui dise ce qu’il doit faire en se recommandant du Professeur Machin. À ce moment-là, ses propres réactions lui font peur. Une colle ne le gêne pas, il n’a pas honte d’ignorer la question posée. Une annonce de diagnostic ne le met pas dans l’embarras, il essaie de la faire avec délicatesse. Pour ce qui est des hystériques, il en rencontre, « mais les hommes aussi peuvent être dans la névrose et la théâtralité ».
Et quand les maris sont là. Beaucoup de femmes se font accompagner par leur partenaire, surtout les personnes âgées et les femmes enceintes. Certains d’entre eux dictent l’entretien, « quand ça devient gênant, je leur demande de sortir », explique le docteur. Et il affirme que de leur côté les musulmans sont souvent très discrets, en retrait par rapport à leur femme. C’est elle qui parle, elle dirige le dialogue (et souvent la maison aussi). Les hommes sont souvent là pour donner leur accord sur une décision à prendre. Peu sont machos, il y en a aussi des inquiets et des sensibles.
Soucieux d’éviter tout sexisme, ce témoignage voudrait rassurer les femmes qui détestent s’allonger sur la table d’un gynécologue. Passage obligé, à intervalles réguliers, cette visite permet de prévenir certaines maladies, de les prendre à temps ou de les soigner pour rester en meilleure santé possible.
Isabelle Brisson
Mid&SudOuest
¹Lorsqu’on porte un parfum entêtant, ou qu’on a mangé de l’ail, qu’on porte des chaussures de sport style Nike ou que l’on sort de chez McDo en sentant la frite, etc.